La condition animale, sujet de réflexion pour les loges du Grand Orient de France
Mercredi 23 Juin 2021 Vie de la profession 41086Notre confrère Georges Sérignac a exercé en pratique canine et équine avant de se consacrer à ses fonctions de Grand Maître au Grand Orient.
© D.R.
Société
Notre confrère Georges Sérignac (Toulouse 77) est aux commandes du Grand Orient de France, la principale organisation de la franc-maçonnerie en France, depuis le début de l'année. Longtemps praticien canin et équin, il se consacre aujourd'hui exclusivement à ses fonctions au Grand Orient mais n'a pas perdu son ADN vétérinaire. La question du bien-être animal lui tient, ainsi qu'à l'ensemble de la société franc-maçonne, particulièrement à coeur.
■La Dépêche Vétérinaire : Vous êtes vétérinaire et avez été élu, le 16 janvier, Grand Maître du Grand Orient de France, la principale organisation de la franc-maçonnerie en France. Les vétérinaires sont-ils très présents au sein de cette société en France et dans le monde ?
Georges Sérignac, Grand Maître du Grand Orient de France : Je ne peux vous répondre que pour le Grand Orient de France (GODF).
Le GODF, dans sa composition, est représentatif de la société : les vétérinaires y sont donc présents en juste proportion.
■ D.V. : Quel a été votre parcours en tant que vétérinaire et l'avez-vous mené en parallèle à vos fonctions au Grand Orient ?
G.S. : J'ai été vétérinaire libéral en pratique canine et équine dès 1981. Mes fonctions au Grand Orient m'ont pris de plus en plus de temps au fil des années pour, aujourd'hui, constituer mon activité principale.
Cette évolution s'est faite peu à peu, la rencontre avec la franc-maçonnerie m'offrant la possibilité de sortir de l'immédiateté et de prendre un peu de distance face au quotidien.
Bien différent de tous les fantasmes, inepties et stupidités répandus contre lui depuis ses origines, le GODF est un espace de réflexion personnelle et collective mais également un espace de convivialité. Il est également un lieu d'engagement citoyen et républicain et de solidarité. Tout cela constitue un ensemble complexe, exigeant et passionnant.
Si le GODF occupe aujourd'hui l'essentiel de mon temps, j'ai cependant toujours conscience de conserver mon ADN de vétérinaire, dans mes processus éthiques et intellectuels. Mon parcours maçonnique m'a semblé compléter ma vie professionnelle et personnelle en cohérence.
■D.V. : Le Grand Maître est l'une des rares personnalités visibles de votre organisation. Comptez-vous mettre à profit cette notoriété pour prendre position sur des sujets de société et, parmi eux, celui des relations Homme-animal, cher à la profession vétérinaire ?
G.S. : Bien évidemment, les questions du bien-être, des conditions d'élevage et de la prise en compte de la sensibilité, de la souffrance des animaux me tiennent particulièrement à coeur.
L'indifférence ou l'ignorance de la souffrance animale m'interrogent sur les capacités humaines d'empathie.
Les mauvaises conduites sont-elles inscrites dans notre nature, culturelles ou ont d'autres causes ?
Le rapport à l'animal est totalement corrélé à l'humanisme universaliste que prône le Grand Orient de France et il est naturel que nos loges travaillent sur ce sujet.
■ D.V. : L'animal est-il justement un sujet que vous abordez dans votre société et selon quelle approche ?
G.S. : Notre approche conceptuelle vise à construire une pensée qui s'élabore dans la durée et sans précipitation, avec le recul que permet le pas de côté et le temps long.
Les loges prennent le temps et la distance nécessaires pour échapper à l'actualité immédiate.
Dans ce cadre et selon notre méthode, les travaux sur la condition animale s'intègrent dans notre réflexion. Notre seul objectif est de participer à une amélioration de l'Homme et de la société.
■ D.V. : La profession vétérinaire connaît une féminisation importante et rapide.
A l'inverse, les femmes sont toujours absentes du Grand Orient même si cette question revient régulièrement au vote. Comment analysez-vous cette évolution sociétale qui touche la profession vétérinaire ?
G.S. : Vous faites erreur. Le Grand Orient de France initie les femmes depuis plus de dix ans et leur nombre est en constante progression ! Certaines commencent à occuper des fonctions importantes au sein de notre ordre.
Concernant notre profession, la féminisation est une évolution sociétale qui touche de très nombreux autres secteurs. Même tardive, cette féminisation dans de nombreuses professions, autrefois exclusivement masculines, est une excellente avancée qui traduit le progrès de l'égalité homme - femme dans la République, ce qui est bien le moins en vertu des principes et de l'idéal républicains.■