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La chloroquine est active in vitro contre le coronavirus de la Pif mais d'une efficacité très limitée in vivo

Le FCoV est un virus omniprésent dans la population féline au niveau des entérocytes.

© Laurent Mascaron

Laurent MASCARON

Correspondant en infectiologie et vaccinologie

Courriel : l.mascaron@orange.fr

Traitement

Deux études ont évalué l'intérêt de la chloroquine dans le traitement de la péritonite infectieuse féline (Pif), une maladie causée par un coronavirus et à l'issue fatale. Si un effet d'inhibition de la réplication virale a été observé in vitro , il n'a pas été corrélé à une augmentation de la durée de survie des animaux.

Parmi les troubles cliniques graves induits par des coronavirus chez les mammifères domestiques, figure la péritonite infectieuse féline (Pif), due à un Alphacoronavirus , le FCoV ( feline coronavirus ).

Le FCoV est un virus omniprésent dans la population féline au niveau des entérocytes, se traduisant généralement par une atteinte asymptomatique ou par une diarrhée transitoire.

Certains variants de ce virus, hautement pathogènes, suite à ce qu'on suppose être une mutation, deviennent capables d'infecter les macrophages et de provoquer une Pif.

Aucun traitement ni vaccin

Cette maladie rare évolue en quelques jours ou en quelques semaines vers une issue fatale, de façon progressivement débilitante, sans aucun traitement efficace disponible hormis des soins palliatifs. Aucun vaccin n'est disponible en France.

La chloroquine est un composé utilisé en médecine humaine comme antipaludéen, dont l'activité antivirale a été attestée dans de nombreux travaux, se traduisant par une réduction de la réplication du VIH*, du virus influenza H5N1, du Sars-CoV** et d'autres coronavirus humains in vitro.

Elle a été identifiée, ainsi que deux autres principes actifs, lors d'une étude réalisée à la faculté des sciences vétérinaires de l'université de Sydney (Australie), comme un candidat potentiel pour le traitement de la Pif, en raison d'une réduction significative de la réplication virale et de l'effet cytopathique provoqué par le FCoV sur des cellules sensibles, après mise en contact avec celles-ci une heure après leur incubation avec la molécule in vitro (McDonagh et al., 2014).

Très petits effectifs

Une autre étude a été menée à l'école de médecine vétérinaire de l'université Kitasato (Towada, Japon) dans le but d'explorer à la fois l'activité in vitro et l'efficacité in vivo de la chloroquine vis-à-vis du coronavirus de la Pif (Takano et al., 2013). Un effet d'inhibition de la réplication du FCoV a été confirmé in vitro sur des cellules embryonnaires et sur des monocytes d'origine féline, accompagné d'un meilleur score clinique après épreuve virulente chez les chats ayant reçu de la chloroquine (10 mg/kg, tous les 3 jours par voie SC), par rapport aux animaux témoins mais sans augmentation de la durée de survie des animaux.

La très petite taille des effectifs (3 chats par groupe) a malheureusement limité la puissance statistique de l'étude.

Aucun traitement efficace contre la Pif n'est à ce jour disponible sur le marché du médicament vétérinaire, l'usage de certaines molécules ayant été réservé à la médecine humaine, malgré des résultats prometteurs (Pedersen et al., 2019).

* VIH : virus de l'immunodéficience humaine.

** Sars-CoV : Severe acute respiratory syndrome coronavirus.

Bibliographie

- McDonagh P et al., Identifcation and characterisation of small molecule inhibitors of feline coronavirus replication, Veterinary Microbiology, 2014, 174, 438-447.

- Pedersen NC et al., Efficacy and safety of the nucleoside analog GS-441524 for treatment of cats with naturally occurring feline infectious peritonitis, J Feline Med Surg, 2019, 21, 271-281.

- Takano T et al., Effect of chloroquine on feline infectious peritonitis virus infection in vitro and in vivo, Antiviral Research, 2013, 99, 100-107.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1526

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