L'homme glial - Une révolution dans les sciences du cerveau
Samedi 26 Janvier 2019 Lecture 41855Thierry JOURDAN, docteur vétérinaire
L'homme glial est un titre qui fait référence à un ouvrage fondateur de Jean-Pierre Changeux paru en 1983, l'homme neuronal.
Il faut bien convenir que les cellules gliales sont dans un angle mort des neurosciences. Cellules nourricières, de soutien, émonctoires, elles font partie des meubles sans être considérées comme des actrices. Pourtant une fois et demi plus nombreuses que les neurones, on entraperçoit leur importance seulement quand elles dysfonctionnent : astrocytome ou disparition de myéline et on aura fait le tour de ce qu'un médecin ou vétérinaire peut connaître de la glie.
La vision du syncytium défendu par l'italien Golgi fut perdue contre la théorie neuronale de l'espagnol Cajal au tournant du XXe siècle et c'est ainsi que les cellules gliales perdirent leurs couleurs.
Les deux auteurs veulent par leurs recherches et écrits réhabiliter ces autres cellules du cerveau et surtout promouvoir une recherche qui montre un dialogue constant entre glie et neurones par neurotransmetteurs, des transmissions d'informations extrêmement rapides entre astrocytes, des rôles décisifs dans les comportements moteurs, cognitifs et émotionnels ainsi que sur la mémoire. Par exemple, la greffe d'astrocytes humains dans le cerveau de rongeurs augmente considérablement la mémoire. Le rôle de la glie sur la conscience ou le rythme circadien commence à être cerné.
La médecine est aussi concernée : les pathologies psychiatriques, dégénératives, les encéphalopathies, certaines épilepsies font intervenir les astrocytes et les recherches en pharmacologie ciblée sur les cellules gliales sont en grand devenir.
Joseph LeDoux, neuroscientifique, disait « nous sommes nos synapses » ; il conviendra de rajouter « et notre glie ».
Le monde vétérinaire gagnera lui aussi à entamer des recherches dans le domaine animal.