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Jeux paralympiques : notre confrère Stéphane Houdet en lice pour une quatrième médaille d'or... ou plus !

Notre confrère a développé une façon particulière de jouer en tennis fauteuil et s'attache à la perfectionner.

© D.R.

Sport

Déjà triple médaillé d'or paralympique en double messieurs en tennis fauteuil (Pékin 2008, Rio 2016 et Tokyo 2020, jeux qui se sont déroulés en 2021 à cause de la Covid), notre confrère français Stéphane Houdet (Nantes 95) tentera l'échelon supérieur, une quadruple médaille, voire davantage, en participant aux Jeux paralympiques de Paris 2024. Pour lui, les hostilités débuteront le 30 août et se termineront le 7 septembre, à Roland-Garros. Cependant, comme il est numéro 7 mondial et tête de série dans ce tournoi en simple et en double, il sera exempté de premier tour et il ne commencera que le 1er septembre. A quelques jours de la compétition, notre confrère nous a livré ses impressions et dévoilé ses objectifs. Toujours à l'affût d'innovations technologiques dans son sport, il voit déjà plus loin que les jeux de Paris et n'exclut pas non plus, un jour, de revenir au handigolf si ce sport devient paralympique.

La Dépêche Vétérinaire : Pouvez-vous nous rappeler votre parcours et ce qui vous a amené au tennis fauteuil ?

Stéphane Houdet, triple champion en double messieurs : J'ai toujours joué avec des balles et aimé le tennis aussi loin que je m'en souvienne. Cependant, c'est un accident de moto, alors que j'exerçais en tant que vétérinaire praticien, qui m'a conduit à reconsidérer ces sports dans une optique professionnelle.

Au départ, dans l'impossibilité de me déplacer, j'ai choisi le bridge comme approche de la compétition. Ensuite, j'ai joué au golf grâce à un délégué vétérinaire. C'est en discutant avec le célèbre footballeur Johan Cruyff lors d'une compétition que j'ai découvert l'existence du tennis fauteuil et que je m'y suis intéressé.

Alors que j'étais numéro 1 en Europe de la discipline handigolf, je suis donc revenu vers le tennis qui est un sport professionnel et intégré, c'est-à-dire que nous jouons les mêmes tournois que les autres joueurs professionnels avec la possibilité d'en faire notre métier.

D.V. : Quelle avait été votre carrière vétérinaire avant cette nouvelle vie professionnelle ?

S.H. : Je suis diplômé de l'école nationale vétérinaire de Nantes (Oniris) et, à ma sortie, j'ai fait, comme de nombreux étudiants, un tour de France des remplacements. Le Charolais m'a particulièrement séduit et je me suis installé en mixte dans cette région alors que j'avais été formé sur les petits animaux. Pour célébrer notre association programmée, nous avons décidé de faire le tour d'Europe des capitales à moto avec mon futur associé.

A la suite de mon accident, j'ai changé de sujet de thèse pour un sujet moins physique sur l'implantation des cliniques vétérinaires et m'en suis servi pour créer ma propre structure, à mi-chemin entre Grenoble et Chambéry.

Dans un premier temps, les médecins avaient réussi à sauver ma jambe accidentée ce qui m'a permis d'exercer pendant quelques années puis j'ai arrêté la pratique en décembre 2004, concomitamment à mon amputation.

D.V. : Etes-vous resté en contact avec la profession ?

S.H. : Effectivement, je n'ai jamais quitté la profession vétérinaire de vue. Au départ, mon lien était plutôt centré sur les activités sportives et notamment le golf puis, par la suite, je me suis intéressé aux associations vétérinaires investies en plongée, tennis, golf. J'ai également un large cercle d'amis vétérinaires qui sont engagés dans différents domaines (vie syndicale, ordinale, élevage bovin...) et que je suis régulièrement.

Plus récemment, je me suis impliqué dans la société Emergence qui a lancé un numéro d'urgences vétérinaires, le 3115, en référence à mon propre accident. J'ai été sauvé par les pompiers autrichiens parce que je connaissais un numéro d'urgence et j'aimerais qu'on puisse faire de même avec nos animaux.

D.V. : Avant le tennis, vous aviez aussi évolué dans le golf. Comptez-vous en rester là ou essayer d'autres sports ?

S.H. : Je suis toujours avec attention le golf et, le jour où ce sport entrera aux Jeux paralympiques, je songerai sérieusement à le reprendre. Plus largement, je m'intéresse aux avancées concernant le monde du handicap et de la perte d'autonomie et à leur partage puisque je suis engagé dans une initiative intitulée Handilab, un lieu de 15 000 m² qui sera inauguré en marge de ces Jeux paralympiques qui regroupe de telles innovations.

J'ai aussi profité de la pandémie de Covid pour découvrir le monde de l'art et de la peinture et j'aimerais bien, un jour, pouvoir réaliser l'affiche de Roland-Garros.

D.V. : Votre technique s'est modifiée au cours du temps et vous êtes notamment à l'origine d'une nouvelle façon de jouer, à genoux. Quelles seront les prochaines évolutions ?

S.H. : Dès que j'ai découvert le tennis fauteuil et sa position assise, j'ai eu envie de me rapprocher le plus possible de la pratique des joueurs valides que je connaissais. J'ai donc réuni un collège de compétences et travaillé avec des chercheurs pour profiter de leur expertise.

Ils ont développé un fauteuil qui me permet de jouer à genoux, avec un bassin plus droit autorisant plus de rotation entre le haut et le bas du corps et me procurant davantage de puissance pendant mes déplacements et dans les coups de raquette.

Je travaille à la prochaine évolution, à savoir le développement du fauteuil de tennis le plus léger du monde et j'en suis déjà à mon deuxième prototype. Il ne sera pas abouti pour les jeux de Paris mais je l'espère pour ceux de Los Angeles en 2028.

D.V. : Comment abordez-vous ces Jeux paralympiques, vos cinquièmes ? Quels seront ensuite vos objectifs ?

S.H. : Je ne vois donc pas ces cinquièmes jeux à la maison comme le point final de ma carrière. Evidemment, comme tout joueur, je vise les médailles et plus particulièrement celles-ci sur lesquelles figure la tour Eiffel.

J'ai donné mes cinq autres médailles au musée de Roland-Garros mais si j'en obtiens une ici, il n'est pas impossible que je la garde un petit moment chez moi avant de la transmettre au musée !

D.V. : Votre « longévité » sportive est exceptionnelle à un tel niveau. Quel est votre secret ?

S.H. : Quand on joue assis, la dépense énergétique est moindre que lorsqu'on joue débout et évidemment, nous ne subissons pas l'usure des membres inférieurs. Avec cette pratique, nous ne sommes jamais dans le rouge sur le plan cardiaque, ce qui explique la possibilité de faire des matchs, des tournois et des carrières très longs même si, aujourd'hui, je pense que je mène l'expérience de la carrière la plus longue.

J'ai un autre avantage qui est, une fois les matchs terminés, de pouvoir marcher grâce à une prothèse, ce qui protège mes membres supérieurs.

Par ailleurs, quand on sait que c'est la routine qui use le cerveau, j'imagine être protégé de ce côté-là car je passe mon temps à innover, à m'émerveiller, à écouter les approches différentes et à les tester, ce qui me permet de vivre tout cela comme de nombreuses premières fois. C'est un autre de mes secrets pour diminuer le phénomène d'usure.

Au-delà des jeux de Los Angeles en 2028, je pense donc aussi déjà à ceux de Brisbane en 2032 car j'adore l'Australie !

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1717

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