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Hospitalisation : les clés pour optimiser ce point névralgique de la clinique

L'hospitalisation est l'incarnation du sujet professionnel transversal.

© Cyril Berg

Maud LAFON

Exercice

Élément essentiel du fonctionnement d'une clinique vétérinaire, le poste hospitalisation concentre également plusieurs sources de risque, médical, sanitaire ou relationnel. Ce domaine a beaucoup évalué ces dernières années, bénéficiant de l'avancée des connaissances à plusieurs niveaux (douleur, bien-être, post-opératoire...). A l'heure où ce sujet aurait dû faire l'objet de conférences dans le cadre du congrès annuel de l'Afvac*, prévu initialement en présentiel à Bordeaux et transformé en événement digital pour cause de Covid, voici un état des lieux des connaissances sur l'hospitalisation des animaux de compagnie.

Si les circonstances sanitaires n'avaient été ce qu'elles sont, le congrès annuel de l'Afvac* aurait dû se tenir cette semaine, à Bordeaux, sur le thème « Réussir l'hospitalisation : satisfaction dès l'admission ». La Covid-19, qui n'est a priori pas une maladie nosocomiale, étant survenue, cet événement a, à l'instar d'autres manifestations nationales de formation, comme les Journées annuelles de l'Avef** en novembre, été transformé en rendez-vous digital et cette session « hospitalisation » a été reportée à l'année prochaine, en espérant une reprise de l'organisation en présentiel.

Pour autant, le thème initialement prévu conserve toute sa pertinence. Nous avons donc souhaité, en guise de teaser d'Afvac Le Congrès 2021, en dégager quelques points en interrogeant des confrères concernés.

L'hospitalisation est l'incarnation du sujet professionnel transversal et concerne tous les domaines de la médecine vétérinaire, avec une incidence accrue en médecine canine, les contraintes de tailles rendant l'hospitalisation des équins ou bovins moins évidente en routine.

Un ou plusieurs locaux dédiés

Toutes les cliniques canines possèdent leur chenil d'hospitalisation. La présence d'un tel local est même requise dans la dernière mouture du Code de déontologie pour que la structure vétérinaire puisse porter ce nom.

Seul le cabinet vétérinaire (dès lors qu'il n'est pas « médico-chirurgical ») en est dispensé.

Chaque clinique possède donc son local d'hospitalisation, les plus chanceuses en détenant même plusieurs de façon à permettre une hospitalisation séparée des chiens, des chats, voire des nouveaux animaux de compagnie (Nac).

L'hospitalisation est vraiment un domaine dans lequel la réussite passe par une collaboration et une implication du vétérinaire et de son équipe mais aussi de l'animal et du propriétaire.

Bonnes conditions

Pour guérir rapidement et correctement, l'animal hospitalisé doit, en plus de recevoir les soins adéquats, se sentir bien et donc être placé dans des conditions accueillantes, propices à son bien-être, ce qui ne va pas de soi, a fortiori pour un chat, animal territorial qui apprécie peu les séjours hors de chez lui. Des conditions inappropriées risquent pourtant de retarder la guérison et donc de rallonger l'hospitalisation. C'est un cercle vicieux qu'il faut savoir casser en mettant en oeuvre les mesures d'ambiance et de gestion humaine appropriées.

Pour notre consoeur Isabelle Goy-Thollot, présidente du conseil scientifique d'Afvac Le Congrès 2020, « le secteur hospitalier a longtemps été et est parfois encore le secteur pauvre de la pratique vétérinaire » et « les actes hospitaliers sont trop souvent sous évalués ».

Pourtant, l'hospitalisation, qu'elle s'effectue dans un cadre médical ou chirurgical, est au coeur de l'activité d'une clinique et un passage bien souvent nécessaire dans la vie d'un animal.

Infections nosocomiales

C'est aussi une période à risque pour tous les intervenants : l'animal en raison du stress induit qui se surajoute à la douleur et l'état clinique délétère ; pour son propriétaire, qui redoute cette séparation ; pour le vétérinaire, qui engage sa responsabilité et doit assurer une surveillance adaptée, sans compter le risque sanitaire supplémentaire dès lors que des infections nosocomiales peuvent s'immiscer dans l'équation.

Certains paramètres de l'hospitalisation ont connu des progrès considérables ces dernières années. C'est le cas de la prise en charge de la douleur ou des aménagements mis en place pour améliorer le bien-être des animaux hospitalisés. La profession est aujourd'hui consciente de l'importance de ces deux points dans la guérison de l'animal et donc de la réussite de l'hospitalisation.

Evaluation objective de la douleur, analgésie préventive et protectrice, avancées des connaissances scientifiques sur le plan comportemental, sensibilisation sociétale au bien-être animal ont permis cette évolution favorable.

Importance des soins post-opératoires

Dans le domaine chirurgical, l'intervention en elle-même n'est plus le seul centre d'intérêt des chirurgiens qui ont compris l'importance des soins post-opératoire et du suivi de l'animal. Dans ce domaine aussi, les progrès sont flagrants et font intervenir la rééducation fonctionnelle par le biais de la physiothérapie, de plus en plus souvent intégrée à l'hospitalisation ou proposée en relai.

Les vétérinaires sont aujourd'hui à l'écoute des spécificités d'espèces. L'hospitalisation d'un chien, d'un chat ou d'un Nac se raisonne en effet différemment et les contraintes spatiales et organisationnelles qu'elle engendre sont différentes. Malgré leur taille réduite, certains Nac nécessiteront par exemple un nursing bien plus important qu'un chien ou un chat.

Leur alimentation en hospitalisation revêt également des particularités importantes à considérer pour favoriser leur guérison.

Si le bien-être de l'animal est au coeur des préoccupations dans un cadre d'hospitalisation, il ne doit pas se faire au détriment de celui des soignants. Les intégrer à la prise en charge des patients et valoriser leurs interventions (nursing, alimentation, sorties des animaux, jeux...) est indispensable à la bonne marche de la clinique et à la réussite de ce service hospitalier en particulier.

Organiser les astreintes

D'autant que le respect de la continuité des soins implique de gérer le chenil d'hospitalisation y compris en dehors des heures ouvrables. « Il est préférable de fonctionner en astreinte pour assurer les soins aux hospitalisés dans ces périodes car on ne sait que la veille s'il y aura des animaux dont on devra s'occuper et on ne peut donc pas programmer les heures (sauf dans les centres hospitaliers vétérinaires ou grosses structures), car sinon on pourrait devoir les payer sans qu'elles ne soient effectuées car aucun animal n'est là », explique Robin Lunetta, chargé des affaires juridiques au SNVEL***.

Il conseille donc par exemple de « couvrir la journée du dimanche en astreinte, avec une indemnité de 20 % du taux horaire et, lorsqu'on se rend à la clinique, on ne paye plus l'indemnité et c'est une astreinte dérangée payées comme la garde qui prend le relai, soit 120 % du taux horaire, du départ de la maison jusqu'au retour », ajoute-t-il.

« Pour les forfait jours, on doit payer au moins par bloc de 6 ou 12 heures l'astreinte et le taux horaire de l'intervention n'est pas majoré car l'indemnité est forfaitaire et n'est pas suspendue pendant l'intervention », poursuit Robin Lunetta.

Les problématiques sont donc nombreuses au poste hospitalisation mais la réussite de cette étape est un point névralgique d'une clinique et également un outil de valorisation sur lequel va se forger sa réputation.

* Afvac : Association française des vétérinaires pour animaux de compagnie.

** Avef : Association vétérinaire équine française.

*** SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.


Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1552

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