Formation continue : des disparités d'encadrement entre les pays européens
Mercredi 16 Fevrier 2022 Vie de la profession 42059Dans certains systèmes, il est nécessaire d'enregistrer le type de formation continue suivie (pratique, théorique, e-learning...).
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Maud LAFON
Enquête
La formation continue vétérinaire n'est pas harmonisée au niveau européen. Une enquête réalisée par la Fédération vétérinaire européenne valide les disparités qui existent entre pays en termes d'encadrement et d'obligations.
La Fédération vétérinaire européenne (FVE) et sa section représentant les vétérinaires praticiens, l'UEVP, ont publié les résultats d'une enquête réalisée durant la deuxième quinzaine de juillet 2021 sur l'organisation, l'accréditation et la reconnaissance des formations continues vétérinaires en Europe.
Un questionnaire a été diffusé à tous les membres de la FVE et de l'UEVP ainsi qu'aux membres de la section Everi représentant les vétérinaires travaillant dans l'enseignement, la recherche et l'industrie.
Des réponses ont été reçues de 50 représentants de 26 pays (24 pays de l'Union européenne et de la zone de libre-échange européenne et 2 pays hors Europe).
Organisation nationale
Dans 14 des 24 pays de l'UE, il existe une organisation nationale qui accrédite les formations continues. Pour la France, il s'agit du Comité de la formation continue vétérinaire. Neuf n'en ont pas et un pays n'a pas répondu.
Dans 14 pays également, mais pas forcément les mêmes, l'obtention d'un certain nombre de points de formation continue chaque année est obligatoire (en moyenne 20 à 50 heures par an, en France : au moins 100 heures (5 ECTS*) de formation continue pour une période de 5 ans avec une moyenne de 20 heures par an pour un vétérinaire travaillant en clinique et le double pour un vétérinaire travaillant en centre hospitalier ou centre de spécialistes).
Dans certains systèmes, il est nécessaire d'enregistrer le type de formation continue suivie (pratique, théorique, e-learning...).
Quantification non harmonisée
Cependant, la quantification de la formation n'est pas harmonisée et les résultats ne sont donc pas forcément comparables d'un pays à l'autre.
Onze des quatorze pays dans lesquels la formation continue est obligatoire la relient au maintien d'une licence d'exercice pour les vétérinaires (Belgique, Croatie, Estonie, Allemagne, Irlande, Italie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie et Royaume-Uni, tandis qu'en Suisse, il ne s'applique qu'à certains vétérinaires).
Dans 14 des 24 pays de l'UE ayant participé, l'association vétérinaire ou l'organisme statutaire qui enregistre les formations en est également fournisseur et organise la formation continue pour les vétérinaires du pays.
Dans 9 pays, c'est l'autorité compétente nationale ou régionale qui tient un registre des formations continues pour chaque vétérinaire.
Dans les autres pays, dont fait partie la France, ce sont les praticiens eux-mêmes qui enregistrent leur formation. En France, c'est le Conseil national de l'Ordre des vétérinaires qui vérifie l'enregistrement des points de formation continue dans le cadre des « obligations du praticien en matière de formation continue ».
Initiatives privées
Dans quelques pays, des initiatives privées ont été créées avec des associations ou coopératives qui tiennent le registre des formations continues suivies par les vétérinaires.
L'écrasante majorité des autorités compétentes (dans 19 des 24 pays) reconnaissent les formations continues suivies à l'étranger.
Neuf pays ont mis en place un système de formation continue intermédiaire** qui conduit à la reconnaissance des compétences acquises et qui peut également conduire à l'acquisition d'un titre (à mi-chemin entre diplôme de vétérinaire et titre de spécialiste). Huit de ces pays se disent en faveur d'un cadre européen pour la formation continue vétérinaire qui mène à une qualification et/ou à un titre de vétérinaire praticien.
Au total, 21 des 24 pays européens ayant participé à l'enquête seraient favorables à la mise en place d'un système européen.
Douze des 13 pays qui n'ont pas encore de cadre intermédiaire en place sont favorables à un modèle européen qui pourrait servir de base à l'harmonisation du système national existant et faciliter la reconnaissance des diplômes obtenus par les vétérinaires praticiens dans le cadre de la formation continue vétérinaire.
Pas d'accréditation en Russie ou Arménie
En ce qui concerne les résultats des deux pays non européens, Arménie et Russie, il s'avère qu'ils n'ont pas encore mis en place de système d'accréditation de la formation continue vétérinaire ou de système d'enregistrement des formations continues suivies par les vétérinaires dans ces pays. Tous deux ont cependant répondu qu'ils seraient favorables à la mise en place d'un cadre européen intermédiaire pour la formation continue vétérinaire. ■
* ECTS : European Credit Transfer and Accumulation System.
** Toute formation qui permettra à un vétérinaire d'avoir des compétences et un niveau supérieur dans une discipline sans pour autant être ou vouloir devenir un spécialiste. Par exemple, le CEAV en France.