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Fièvre Q :  « Une des maladies les mieux documentées quant aux bénéfices de la vaccination »

Les experts du Comité Fièvre Q ont rappelé que le coût d'un avortement est estimé entre 90 et 130 euros pour les petits ruminants et entre 400 et 800 euros pour les bovins.

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Prophylaxie

Les experts du Comité Fièvre Q ont proposé aux professionnels de l'élevage et de la santé animale un deuxième webinaire d'information sur la fièvre Q, le 16 janvier, pour faire le point des données scientifiques sur les impacts cliniques et zootechniques de la fièvre Q, sous-estimés, et les bénéfices de la vaccination. Un modèle de prédiction original permet de quantifier l'impact de la fièvre Q et d'évaluer en première approche l'intérêt économique de la vaccination dans les élevages.

Les experts du Comité Fièvre Q ont rappelé que le coût d'un avortement est estimé entre 90 et 130 euros pour les petits ruminants et entre 400 et 800 euros pour les bovins lors de leur deuxième webinaire, le 16 janvier, destiné aux professionnels de la santé animale et de l'élevage. L'impact économique d'une métrite puerpérale est de l'ordre de 350 euros et celui des endométrites, de 30 à 60 euros. L'impact d'une non délivrance va au-delà du coût du traitement (de l'ordre de 5 à 10 euros), avec les pertes de production et la baisse des performances de reproduction, amenant l'impact total à près de 350 euros.

« La fièvre Q est l'une des maladies les mieux documentées quant aux bénéfices de la vaccination, et ceci notamment en élevages infectés, soit le contexte sanitaire le plus courant et le plus exigeant », rappelle notre confrère Raphaël Guatteo (professeur de médecine bovine à Oniris).

De nombreuses données attestent de l'implication de la fièvre Q dans la survenue des avortements et des mises bas prématurées chez les petits ruminants et les bovins. Les études disponibles rapportent d'autres impacts de la fièvre Q, notamment chez les bovins : mortinatalité, naissance de veaux mous ou chétifs, non délivrances, métrites, endométrites, infertilité.

Chez les bovins laitiers, espèce pour laquelle les études sont les plus nombreuses, on estime que le risque d'avortement et l'incidence des métrites sont multipliés par 2,5 pour les vaches infectées par  Coxiella burnetii  en comparaison aux vaches non infectées.

La création du Comité Fièvre Q, multidisciplinaire, présidé par Raphaël Guatteo et notre confrère Christophe Brard, répond à la nécessité de mettre en commun les compétences et expertises des différentes parties prenantes sur la fièvre Q tout en recherchant la concertation avec l'ensemble des acteurs : vétérinaires, éleveurs, professionnels de santé et organisations concernées.

Résultats fondés sur des données robustes

Les nombreuses études et expérimentations conduites ces dernières années en France et en Europe démontrent les effets positifs de la vaccination sur la clinique et sur les performances.

« Les éleveurs méconnaissent les impacts économiques cachés de la fièvre Q et tendent de ce fait à questionner l'utilité et la rentabilité de la vaccination. Quand on est vétérinaire, il est important de disposer de résultats fondés sur des données robustes pour se convaincre et convaincre les éleveurs de mettre en place la vaccination », indique notre confrère Pierre Lemercier (Pyrénées-Atlantiques).

Raphaël Guatteo et le Pr Didier Raboisson (école vétérinaire de Toulouse) viennent de mettre au point un modèle de prédiction original fondé sur la compilation des données scientifiques publiées, en se basant sur la méthode dite de budget partiel. Ce calculateur évalue les impacts de la fièvre Q et les bénéfices économiques de la vaccination au sein d'un troupeau laitier en modélisant différents niveaux d'infection sur trois saisons.

Ils expliquent que les principaux enseignements sont que « la vaccination est rentabilisée dès la seconde année. Le protocole vaccinal permet de réduire très fortement le nombre d'animaux infectés dès la fin de la troisième année de vaccination » . Les bénéfices de la vaccination, modélisés sur trois ans dans un élevage de 100 vaches à la traite avec 30 % de taux de renouvellement, sont estimés entre 30 000 et 12 000 euros selon la prévalence intra-troupeau initiale.

Vaccination recommandée dans les fermes pédagogiques

Le modèle conçu par les chercheurs donnera lieu en mars à une application capable de calculer les pertes associées à la fièvre Q pour les mettre en regard de l'investissement vaccinal nécessaire.

En élevages de bovins ou de petits ruminants, le recours à la vaccination est un des piliers de la maîtrise de l'infection en élevage indemne et en élevage infecté. Des mesures de biosécurité sont également nécessaires du fait de la persistance de la bactérie dans l'environnement et de sa dissémination par voie aérienne.

« Les attendus en matière de vaccination diffèrent en fonction du contexte sanitaire : action préventive dans les élevages non infectés, contribution à l'assainissement progressif des troupeaux dans les élevages atteints de fièvre Q. L'objectif est de diminuer l'impact clinique, la perte de performance et le risque de contamination de l'environnement et de transmission entre animaux, entre troupeaux et à l'Homme. Pour les fermes pédagogiques, la vaccination du cheptel est recommandée à titre préventif, indépendamment de toute mise en évidence de la circulation de la bactérie » , indiquent les experts. V.D.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1653

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