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Éleveurs, vétérinaires et collectivités : maintenir et renforcer le dialogue

La féminisation n'a pas modifié la qualité du service, elle aurait plutôt stimulé la coordination entre l'éleveur et le vétérinaire avec le développement de moyens ou techniques.

© Goodluz-Fotolia.com

Ana ALKAN

SNVEL

Laurent PLANEIX

SRVEL Auvergne Rhône Alpes

Exercice

Une table ronde a réuni éleveurs, vétérinaires et représentants des collectivités territoriales, le 3 octobre, au Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand-Cournon, et rappelé la fonction essentielle des praticiens ruraux dans l'aménagement du territoire et le soutien à l'agriculture française. Ils partagent beaucoup avec leurs clients éleveurs et sont soumis, comme eux, à des changements sociétaux qui transforment l'approche et la pratique de leurs activités, aux contraintes du changement climatique et à l'évolution du cadre réglementaire, qui ouvre des portes pour impliquer davantage les élus locaux pour trouver des solutions adaptées à chaque territoire. Le dialogue indispensable entre vétérinaires et éleveurs doit se maintenir et se renforcer avec les nouvelles générations afin de partager un avenir choisi.

Une table ronde était organisée, sous l'égide de VetAgro Sup et en partenariat avec le SNVEL* sur le thème « Eleveurs, vétérinaires et collectivités : des acteurs au service des territoires », le 3 octobre, lors du Sommet de l'élevage de Clermont-Ferrand-Cournon. Les cadres règlementaires définis par les lois DDADUE et 3DS proposent de nouvelles solutions.

Les intervenants représentaient les élus - Fabrice Pannekoucke (vice-président de la région Auvergne-Rhône Alpes, délégué à l'agriculture et aux espaces valléens, Jean Papadopulo (maire de Four, président de la communauté d'agglomération des Portes de l'Isère, conseiller départemental de l'Isère, vice-président du département de l'Isère) -, les éleveurs - Joël Piganiol (vaches allaitantes de race limousine, secrétaire de la chambre d'agriculture du Cantal) - et les vétérinaires : Eric Février (praticien en exercice vétérinaire mixte à dominante rurale à Saint- Mamet, Cantal, vice-président du SRVEL** Auvergne- Rhône-Alpes et administrateur national du SNVEL), Ana Alkan (Haute-Vienne, chargée des jeunes et des affaires publiques au SNVEL), Stéphane Vaxelaire (directeur de cabinet de la direction de VetAgro Sup).

Stéphane Vaxelaire a interrogé Fabrice Pannekoucke sur le rôle des vétérinaires dans le milieu rural. Le vice-président rappelle la fonction essentielle des vétérinaires. Ils sont des experts du vivant et de son management et leur présence fait partie de l'aménagement du territoire et du soutien à l'agriculture.

Jean Papadopulo insiste sur la nette dégradation de l'agriculture depuis ces deux à trois dernières décennies : « La France était avant exportatrice de viande bovine, elle est devenue importatrice de 25 % de sa viande bovine consommée » . Cela démontre la priorité absolue de notre agriculture qui doit bénéficier d'une promotion incessante dans tous les domaines afin de retrouver son ancienne place stratégique dans notre économie.

Accueil bienveillant des praticiens

Pour exemple, le département de l'Isère, riche de nombreux terroirs, alloue un budget significatif de 10 millions d'euros à l'activité agricole. Il en découle des efforts en faveur des vétérinaires, cadres au service des filières pour une agriculture moderne, au rendez-vous de la qualité pour la société et pour la préservation des qualifications sanitaires.

Joël Piganiol évoque sa ferme avec 130 mères de race limousine pour lesquelles il apprécie de pouvoir compter sur une équipe de vétérinaires à proximité. Il reste deux associés secondés par des salariés, là où autrefois ils étaient six. Pourtant, au fil du temps, s'est installée une relation de confiance consolidée par des échanges fréquents. Ainsi, il a pu discuter d'une stratégie de prévention organisée et planifiée diminuant le nombre des déplacements.

Il a organisé un accueil bienveillant des vétérinaires pour leurs visites et les diverses interventions. La contention s'est adaptée pour une meilleure efficacité et son personnel a appris à se mettre à la disposition des professionnels libéraux.

La féminisation n'a pas modifié la qualité du service, elle aurait plutôt stimulé la coordination entre l'éleveur et le vétérinaire avec le développement de moyens ou techniques. C'est en confiant ses soins préventifs réguliers à son interlocuteur privilégié que ce partenariat fidèle et solide s'est formé et Joël Piganiol sait qu'il peut en retour compter sur la disponibilité de l'équipe en cas d'urgence 365 jours par an, jours et nuits.

Dans l'assistance, Guillaume Thomas-Guigamp confirme l'évolution de la profession sur la féminisation : « la force physique n'est plus un défi vétérinaire » . Une vétérinaire d'Occitanie, Delphine Ferre-Fayache, confirme que les considérations patriarcales sur la féminisation résultaient également du milieu vétérinaire masculin, simple miroir de la société.

Eric Février reprend le thème du volet préventif des soins évoqué par Joël Piganiol : son organisation et sa planification apportent une activité régulière pour des professionnels à temps plein qui ensuite participent à la permanence et à la continuité des soins. La fréquence des gardes s'allège pour toute l'équipe, même si leurs coûts pour l'entreprise vétérinaire ne seront pas encore compensés par leurs recettes.

Renforcer l'attractivité des territoires

Fabrice Pannekoucke reprend sur l'indispensable attractivité des territoires pour attirer des jeunes professionnels, autant vétérinaires qu'éleveurs, à l'époque d'une transition de générations importante à réussir pour tous. Les mobilités et les services à la personne lui paraissent les priorités premières. Le territoire accueille une famille, donc un conjoint et potentiellement des enfants. Il faut considérer cet ensemble pour être attractif.

Jean Papadopulo a détaillé le dispositif développé en Isère, décliné du dispositif Isère Médecins. Ce dernier a abouti à l'installation de 100 nouveaux médecins en milieu rural, qu'il espère bientôt doubler avec 100 autres nouveaux installés. Pour les jeunes vétérinaires, les efforts portent sur trois volets principaux :

- une aide de 300 euros par mois pour le logement des étudiants en stage en Isère,

- une aide à l'installation de 15 000 euros avec un engagement de 3 ans à exercer en milieu rural,

- une indemnisation kilométrique pour les vétérinaires exerçant dans les zones rurales, les vallées sont longues ; 0,20 centime par kilomètres sur du déclaratif, corrigé tous les six mois selon les trajets réels.

Trois nouveaux vétérinaires se sont installés depuis ces mesures départementales et le département piste de nouveaux bénéficiaires.

Des connexions évidentes

En conclusion, Ana Alkan constate que les contextes professionnels des éleveurs et des vétérinaires ruraux présentent des connexions évidentes. Les vétérinaires ruraux partagent beaucoup avec leurs clients éleveurs, ils sont soumis, comme leurs clients, à des changements sociétaux forts qui transforment l'approche et la pratique quotidienne de leurs activités.

Les changements climatiques imposent des contraintes et des perspectives dans lesquelles il conviendra de promouvoir des pratiques éthiques et cohérentes avec les aspirations profondes des nouvelles générations. L'évolution du cadre règlementaire récent ouvre des portes pour impliquer davantage les élus locaux afin de trouver des solutions adaptées à chaque territoire.

Le dialogue indispensable entre les vétérinaires et les éleveurs, partenaires naturels de l'élevage, doit se maintenir et se renforcer avec les nouvelles générations afin de partager un avenir choisi.

L'année prochaine, les vétérinaires de demain solliciteront un échange avec les jeunes éleveurs, de plus en plus souvent issus des milieux urbains, et inviteront de nouveau les responsables politiques à venir proposer des idées pour concrétiser leurs espoirs.

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

** SRVEL : Syndicat régional des vétérinaires d'exercice libéral.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1687

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