Edito: Si c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit
Lundi 16 Avril 2018 Vie de la profession 29559© Kastet
La culture Internet a créé l'illusion de l'accès gratuit à de nombreux services et informations. Précipitant le déclin de la presse écrite et modifiant profondément la relation financière aux contenus culturels, musiques et cinéma tout particulièrement.
La gratuité apparente de nombre de ces accès a déplacé la création de valeur. Le produit culturel n'a pas que très peu d'importance dans la chaîne de valeur, il peut même être livré gratis, à la condition que la qualité des données transmises par l'acheteur permette un ciblage profitable à celui qui recueille les précieuses informations.
Tout cela semblait créer un nouvel ordre mondial du commerce, dans lequel les tuyaux qui servent de canaux d'information avaient tout pouvoir et une valeur ajoutée bien supérieure aux produits qu'ils servaient à acquérir.
Deux faits récents pourraient infléchir ce nouvel ordre mondial si profitable aux GAFA.
Le premier est la mise en oeuvre du règlement européen de protection des données personnelles, acte de transparence et de rééquilibrage entre le pouvoir des usagers des tuyaux et leurs propriétaires. Le consentement éclairé et renouvelé à chaque opération succède à l'abandon définitif de toute maîtrise des données collectées au relatif insu du plein gré du surfeur internautique moyen.
Le second fait marquant est apparu lors de l'audition de Mark Zuckerberg par le Sénat américain dans l'affaire de l'utilisation à des fins électorales des données ciblées produites par Facebook.
Le golden boy assis sur un réhausseur a offert une figure plus modeste, multipliant les excuses, face aux accusations de défaut de confidentialité de son réseau. Il a même, à la surprise générale, évoqué la nécessité d'une régulation de l'Internet...
Or si la régulation doit intervenir, assurant une meilleure protection de la vie privée, elle ne pourra que limiter la qualification des données qui en fait la principale valeur.
Le modèle économique des plate-formes ou services en accès gratuit, financés par la revente de données ciblées, devra être revu. La loi d'avenir de 2014 a mis fin à la pseudo-gratuité des services proposés par les laboratoires. La régulation a mis fin aux vêtements polaires logotés, qui transformaient les vétérinaires en produits...
La profession vétérinaire entre maintenant à pas prudents dans l'univers de la communication digitale, elle oscille entre naïveté en confiant les données de ses clients à certains de ses fournisseurs ou prestataires et protectionnisme outragé vis-à-vis d'autres acteurs.
Elle pourrait au final profiter de la sécurisation accrue de ces échanges de données pour s'engager de façon professionnelle et moderne dans des actions de communication avec les détenteurs d'animaux.
Ces derniers démontrent chaque fois qu'ils sont interrogés leurs attentes de plus d'informations de la part de " leur vétérinaire " et de lui seulement... P.B.