Drawdown - Comment inverser le cours du réchauffement planétaire
Samedi 20 Avril 2019 Lecture 41853Thierry JOURDAN, docteur vétérinaire
George Marshall, écologiste britannique, s'interroge sur ce qui fait barrage, chez les individus et la société, pour agir enfin dans son livre « Le syndrome de l'autruche pourquoi notre cerveau veut ignorer le changement climatique ». Ces barrages sont nombreux et l'ouvrage collectif Drawdown dirigé par Paul Hawken y répond en décrivant tous les axes d'action les plus efficaces sur lesquels nous pouvons agir collectivement et individuellement.
Drawdown correspond au point de décroissance des gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Drawdown propose un plan sur trente ans pour inverser le cours du changement climatique. L'équipe, composée de 70 chercheurs, propose 80 solutions avec leurs impacts sur le monde financier, les relations sociales et l'environnement. Un site internet en anglais permet d'accéder aux études scientifiques.
Les actions existent dans le domaine de l'énergie, l'alimentation, les bâtiments et les villes, l'affectation des terres, les transports, les matériaux.
Des actions concernant l'éducation des filles, le financement de la planification familiale et l'aide aux femmes à la tête d'exploitations montrent aussi leur efficacité en termes d'environnement.
Un rang d'efficacité est établi de 1 à 80.
L'ouvrage ne cache pas les inconvénients ou effets secondaires de telle ou telle mesure ; comme en médecine, on évalue un bénéfice-risque.
Le levier numéro un est l'abolition et la gestion de l'existant des fluides frigorigènes : si, en effet, en luttant contre la diminution de la couche d'ozone, les (hydro)chlorofluorocarbures CFC et HCFC sont interdits, il en reste énormément en circulation et leurs remplaçants, les hydrofluorocarbones, ont un potentiel de réchauffement global des milliers de fois supérieur au CO2.
A minima des accords sont trouvés mais il faut s'attendre qu'avec la climatisation, les besoins « réfrigérants » des populations augmentent.
La réduction du gaspillage alimentaire (dans toute sa complexité) est aussi un levier puissant classé numéro 3.
Les vétérinaires seront très intéressés par la protection des forêts, le reboisement, les milieux côtiers humides, la biomasse pérenne, la lutte contre les avancées des déserts, la sanctuarisation des tourbières, le compostage ou le biochar.
Ils auront un regard plus aigu sur une alimentation plus riche en végétaux, l'agroforesterie multistrates, la riziculture améliorée, l'agriculture régénératrice, la gestion des nutriments, les fourrages d'algues.
Ils devront se plonger dans le sylvopastoralisme pour en saisir la portée, la faisabilité, les risques mais surtout être dans l'accompagnement des paysans qui s'y lanceront. La gestion des pâturages mérite de plus amples études d'autant qu'elle a des incidences sur la production de méthane des bovins qui seraient très nettement diminué.
Les auteurs proposent aussi une vingtaine de solutions non chiffrées et plus spéculatives.
Il en est une dont l'importance est cruciale puisqu'elle concerne le perlégisol qui constitue un facteur d'emballement climatique important : il faut repeupler la steppe-toundra. Lorsque des rennes ou des boeufs musqués grattent la couche neigeuse pour exposer l'herbe, le sol n'est plus isolé et se refroidit de 1 à 2 degrés ; ce faisant, on a une marge de sécurité pour empêcher le dégel du permafrost : si quelques vétérinaires veulent bien se charger de gérer les troupeaux de iakoutes (petit poney sibérien)...écrire à La Dépêche Vétérinaire qui transmettra.