Disparition de Jean-Pierre Kieffer : ils témoignent...

Louis Schweitzer

© V.D.

Manuel Mersch, vétérinaire et président de l'OABA

« Il est des hommes de promesses, d'autres de conviction et de parole. Dès les premiers échanges, Jean-Pierre savait communiquer la détermination qui le guidait dans ses combats et se battre pour améliorer les conditions d'abattage, dont l'abolition de l'abattage sans étourdissement. Jean-Pierre était un homme de conviction et n'avait qu'une parole.

Jeune étudiant, il s'insurgeait déjà contre les actes de maltraitance envers les animaux domestiques et son engagement pour la protection animale ne l'a jamais quitté. Pendant toutes les années qui ont suivi, Jean-Pierre a su défendre la cause animale avec coeur et raison, estimant qu'il en était de son devoir en tant que vétérinaire.

Au sein de l'association OEuvre d'assistance aux Bêtes d'Abattoirs (OABA), chaque journée de travail nous renforçait dans notre amitié et dans notre refus de tolérer la souffrance animale... Il nous restait encore tant à partager !

Jean-Pierre nous aura offert une magnifique leçon de courage et de détermination à l'image de son combat contre cette longue maladie sans jamais renoncer à défendre la cause animale.

Jean-Pierre, tu nous quittes avec honneur et panache à l'image de la cérémonie récente au cours de laquelle tu as reçu la Légion d'honneur... et où tu as prononcé un discours succulent qui restera à tout jamais dans nos mémoires. »

Louis Schweitzer, président de la Fondation Droit Animal Éthique & Sciences

« J'ai connu Jean-Pierre Kieffer lorsque j'ai engagé la Fondation Droit Animal Éthique & Sciences dans l'étiquetage du bien-être animal des poulets. Il nous paraissait impossible de mener à bien ce projet sans le concours de l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA). Jean-Pierre s'est engagé immédiatement et a apporté à ce projet sa compétence, son expérience, sa détermination et sa capacité de négociation.

Son apport au succès de l'étiquetage bien-être animal a été déterminant. Pour moi, ce fut l'occasion de découvrir un homme exceptionnel dont l'intelligence et le savoir étaient mis au service d'une cause à laquelle il a consacré sa vie.

Nous sommes devenus amis et je pleure aujourd'hui sa disparition. Il a assuré que son action sera poursuivie dans la voie qu'il avait tracée par l'OABA. Le premier hommage que nous devons tous à Jean-Pierre Kieffer est d'y apporter tout notre concours et notre soutien. »

Loïc Dombreval, vétérinaire et député

« Jean-Pierre Kieffer s'est éteint cette nuit des suites d'un cancer contre lequel il se battait depuis plusieurs années avec une dignité et un courage qui forcent l'admiration.

Jean-Pierre Kieffer a dédié sa vie aux animaux et à la profession vétérinaire.

La condition animale en France doit beaucoup à son action notamment au sein de l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), grande association qu'il présidait depuis 20 ans.

Les avancées obtenues par l'OABA depuis vingt ans sont innombrables : le déploiement de l'étiquetage bien-être animal dans les grandes surfaces, la mise en place d'audits protection dans les abattoirs, une influence majeure sur les orientations de la loi alimentation et agriculture de 2018, avec notamment l'expérimentation de la mise en place des abattoirs mobiles, un combat de longue haleine pour dénoncer l'abattage sans étourdissement, le transport des animaux, le « bio-halal », la corrida... Mais aussi un code sur les oeufs au niveau européen, la mise au point de l'étourdissement gazeux des dindes, l'amélioration des conditions d'élevage des truies...

Il faut aujourd'hui saluer sa longue expérience, de vétérinaire pendant près de quarante ans, de président et d'administrateur de syndicat, où il a défendu sans relâche notre profession, mais aussi d'auteur, de scientifique et de militant de la cause animale.

Il aura occupé de nombreuses responsabilités, en plus de celle de président de l'OABA, qui lui auront permis de porter très haut cette cause, avec détermination et conviction.

Son CV est impressionnant, et en dit long du caractère de Jean-Pierre Kieffer, qui a consacré beaucoup de son temps et de son énergie pour cette cause qui aura marqué sa vie.

Mais on ne dit rien de lui si on ne parle pas de sa gentillesse, de son humour et de sa détermination teintée d'un certain détachement.

Son nom restera dans l'histoire de la protection animale et de la profession vétérinaire qui perd aujourd'hui une de ses grandes figures.

À son épouse Danièle, à sa famille et à ses proches j'adresse aujourd'hui mes condoléances attristées. »

Jean-Luc Angot, inspecteur général de santé publique vétérinaire et président de la section Prospective, société, international du CGAAER* 

« Dans les différentes fonctions que j'ai occupées, je peux témoigner des grandes qualités humaines et de l'engagement déterminé de Jean-Pierre Kieffer pour la cause animale et la promotion de la profession vétérinaire.

Inspiré par Jacqueline Gilardoni, fondatrice de l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), et animé par des convictions profondes qu'il a portées avec un remarquable courage jusqu'au bout de ses forces, il a fait progresser la protection animale.

Sa générosité et son combat resteront dans les mémoires. Tout récemment décoré de la Légion d'honneur au Sénat, il a tenu à maîtriser le crabe jusqu'à l'assemblée générale de l'OABA pour les 60 ans de l'organisation et le passage de témoin à son successeur et il l'a fait avec cran et avec coeur.

Nos pensées accompagnent sa famille et ses proches. »

* CGAAER : Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux.

Laurent Perrin, président du SNVEL*

« La disparition de Jean-Pierre Kieffer est celle d'un confrère qui a poursuivi ses engagements sans relâche. Lors d'une de mes dernières rencontres avec lui lors d'un conseil d'administration de l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), il souhaitait que l'on se souvienne de lui comme d'un « honnête homme ».

Pendant son combat contre la maladie, il a poursuivi sa tâche de défenseur des animaux dans toutes les instances où il intervenait au-delà de la fatigue. Ce combat qui a été celui de sa vie, symboliquement représenté par son engagement à l'OABA dès une époque où le sujet de la bientraitance animale était loin d'être au-devant de la scène et ne faisait qu'apparaître dans les préoccupations même des vétérinaires.

Son engagement a été aussi celui de la défense et de la promotion de la profession au travers de son engagement syndical en particulier dans le domaine social où il a accompli un travail remarquable.

Il laisse le souvenir d'un vétérinaire engagé, tenace et courageux, sans aucun doute celui d'un honnête homme. »

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

Michel Baussier, président d'honneur du Cnov*, administrateur de la Fondation Droit Animal Éthique & Sciences, membre de l'OABA

« Jean-Pierre s'en est allé après avoir lutté, comme il l'a fait toujours et dans tout domaine. Bien sûr contre la maladie ces derniers temps. Dans l'intérêt général avant cela : pour sa profession qu'il aimait passionnément et pour laquelle il a beaucoup donné à divers titres. On retiendra son engagement fort dans la négociation des conventions collectives et sa compétence incontestée en matière de contrats de travail.

Mais nul doute que son nom demeurera attaché à la protection animale, pas exclusivement mais principalement à l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA) qu'il a présidée pendant vingt ans, héritier de la présidente-fondatrice Jacqueline Gilardoni, avant de passer le relais à Manuel Mersch lors de cette assemblée générale du 9 octobre dernier qui restera gravée dans les mémoires, où l'assemblée lui fit debout une très longue ovation. S'il n'a pas atteint le but qu'il s'était fixé, celui d'un abattage toujours sans souffrance pour le bétail, les avancées juridiques récentes sous sa présidence ont été si importantes que l'espoir est plus que jamais permis.

Jean-Pierre, récemment fait chevalier de la Légion d'honneur, était un homme fidèle à ses idées, courageux et tout en humanité. Qu'il repose en paix ! »

* Cnov : Conseil national de l'Ordre des vétérinaires.

Robert Allaire, ancien président de la FSVF*

« Suite au décés de Jean-Pierre Kieffer, j'adresse mes condoléances bien sincères à sa famille et tiens à souligner la grande qualité de son action syndicale au service de notre profession vétérinaire et son exceptionnel dévouement à la cause animale qu'il a su défendre de façon exemplaire. »

* FSVF : Fédération des syndicats vétérinaires de France.

Arnaud Bazin, vétérinaire et sénateur

« C'est avec une grande tristesse, mais hélas sans surprise, que j'ai appris le décès de Jean-Pierre Kieffer, au terme d'une cruelle maladie qu'il a affrontée avec un énorme courage.

Jusqu'au dernier moment il a tenu à assumer sa mission de président de l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA) en passant le relais de cette indispensable association à notre confrère Manuel Mersch.

Défenseur des animaux de rente, dans l'élevage comme à l'abattoir, Jean-Pierre a aussi présidé le Conseil national de la recherche animale et Eurogroup for animals.

Mais je l'ai tout d'abord connu comme mon président du Syndicat des vétérinaires de la région Paris-Ile-de-France et cofondateur du Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral, rôles dans lesquels il a aidé le modeste praticien que j'étais avec détermination et expérience. 

Nous perdons surtout un honnête homme, quelqu'un de bien, un Ami que nous n'oublierons pas. »

Christian Lecomte, past président du SVRP

« Cher Jean-Pierre, c'est ton épouse Danièle qui nous annoncé ton grand départ dans ton sommeil, paisiblement. Nous lui adressons, ainsi qu'à ta famille chérie, nos sincères condoléances et amitiés.

En seulement quelques heures, toute la profession a souhaité témoigner de son immense admiration et reconnaissance pour tes nombreuses actions au service de notre beau métier et de la protection animale.

Lors de la remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur au Sénat, le 6 octobre, c'était toute ton OEuvre au service de la protection animale qui était récompensée. Tous les animaux, de compagnie, de ferme, sauvages te remercieraient s'ils pouvaient parler !

Tu as dans ton discours cité le Syndicat des vétérinaires de la région Paris-Ile-de-France (SVRP), preuve qu'il a aussi beaucoup compté pour toi.

C'est donc, ici, au nom de toutes les équipes du SVRP, que je voudrais te remercier.

Président du SVRP de 1985 à 1995, tu as donné une nouvelle impulsion au SVRP, montrant ton sens de l'organisation, ta connaissance parfaite des dossiers, des attentes des confrères et consoeurs d'Ile-de-France, sachant motiver tes « troupes » pour que la réussite soit toujours au rendez-vous.

J'ai conservé tous les ordres du jour des conseils d'administration que tu as présidés où toutes les activités étaient programmées avec toujours le souci de répondre aux attentes des participants mais sans jamais oublier la confraternité et la convivialité.

Tu as ainsi rythmé notre vie syndicale en organisant avec tes administrateurs les réunions de secteur départementales (8 par an) regroupant prés de 400 vétérinaires, moments confraternels très attendus permettant des échanges toujours fructueux, la Journée des vétérinaires d'Ile-de-France chaque année sur un thème d'actualité, les fameux rallyes qui ont sillonné les plus beaux sites de notre région (de Rambouillet à Vaux-le-Vicomte...), d'autres activités autour du monde animal.

Ta disponibilité était toujours totale. Encore dernièrement tu m'as donné de précieux conseils concernant le lancement de Vétérinaires pour tous en Ile-de-France.

Aujourd'hui, le SVRP s'efforce de poursuivre toutes ces actions. Ceci nous permet de nous rendre compte du travail considérable effectué par toi, Jean-Pierre, toujours secondé par ton épouse Danièle.

Le SVRP est en deuil mais ton souvenir sera toujours présent dans notre grande Maison des vétérinaires.

Merci Jean-Pierre. »

Claude Laugier, ancien vice-président du SNVEL*

« Jean-Pierre et moi avons commencé à travailler ensemble à l'occasion des Rencontres nationales vétérinaires organisées à Marseille : un tandem improbable parisien-marseillais. Grand organisateur dans l'âme, il veillait à penser à tout. Aucun détail n'était laissé au hasard, il n'y avait pas de place pour l'imprévu. Culturellement, cela me convenait.

A ses côtés, j'ai participé à l'avancée des dossiers sur la protection animale et le social. Sa capacité de travail, son implication et sa rigueur m'ont servi de modèle. Bon connaisseur des attentes de la profession, Jean-Pierre défendait celle-ci avec force et parfois véhémence.

Les partenaires sociaux de l'époque doivent se souvenir encore de la vigueur de ses convictions.

La négociation annuelle du point des conventions collectives lui donnait l'occasion de déployer tout son art de la persuasion. Il ne détestait pas ferrailler avec les autres parties prenantes. J'ai, grâce à lui, amélioré ma méthode de travail car il ne fallait pas perdre de vue qu'au final, il fallait aboutir : Jean-Pierre parvenait (parfois) à calmer mon impétuosité.

Pour tout cela, nous, syndicalistes, et plus généralement l'ensemble des vétos, nous lui disons : merci. »

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

François Moutou, ancien président du Conseil national de la protection animale

« Entre le Conseil national de la protection animale et l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA), les invitations aux réunions du Syndicat des vétérinaires de la région Paris-Ile-de-France au Grand Hôtel près de l'Opéra et les quelques dîners avec l'Association confraternelle des vétérinaires de la région parisienne à l'orée d'un bois, ou les rallyes certains dimanches d'automne à l'époque des tapis de cyclamens, et encore tant d'autres occasions partagées, j'ai eu la chance de suivre Jean-Pierre pendant quelques décennies.

Quel sens de l'organisation, quelle énergie, quelle belle ambition au service d'une profession et quelles convictions éthiques dans la promotion des idées généreuses associées aux nombreuses facettes des activités du médecin des animaux, de tous les animaux.

Que de bons souvenirs à partager avec tous ses proches, tous ses amis, ses consoeurs et ses confrères. » 

Jean-Yves Gauchot, président de la FSVF* et du Clapav**

« Jean Pierre Kieffer était un ardent défenseur de la cause animale, au travers de son engament sans faille au sein de l'OEuvre d'assistance aux bêtes d'abattoirs (OABA). Il a très largement soutenu l'initiative du Clapav** au motif qu'il manquait un lieu nécessaire d'échanges et de concertations entre la profession vétérinaire et les ONG de protection animale.

Son départ, dans le sommeil du juste, car Jean-Pierre Kieffer était un juste tant son opiniâtreté à ses combats était grande et sans faille, laissera un grand vide. La profession perd une personnalité qui a su lui faire honneur.

Très récemment, notre prestigieux confrère président du Sénat lui avait remis une seconde décoration nationale, après l'ordre du Mérite : Gérard Larcher l'a fait entrer dans l'Ordre de la Légion d'honneur.

Dans ses combats au sein de l'OABA mais aussi avec la Ligue française de protection du cheval, il savait ferrailler dur. Ses adversaires le respectait et le craignait et ses amis connaissaient les failles de l'homme. 

Ses combats, il a pu les mener grâce au soutien de son épouse Danièle, elle aussi très investie dans la solidarité professionnelle.

Cette volonté inébranlable a fini par être emportée par les fourches du cancer mais ceux qui l'ont côtoyé dans ses derniers moments de lutte peuvent témoigner que, jusqu'à son dernier souffle, il gardait le moral et l'envie de soutenir les idéaux vétérinaires de la protection animale et de l'amélioration du bien-être animal.

Adieu l'ami, repose en paix, du repos du juste, la vétérinaire, ton épouse, tes enfants et petits-enfants peuvent être fier de ton parcours et de tes engagements. »

* FSVF : Fédération des syndicats vétérinaires de France.

** Clapav : Comité de liaison Associations de protection animale et vétérinaires.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1591

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