Des étudiantes vétérinaires toulousaines vont tester les sutures de laparotomie médiane en apesanteur

L'équipe du projet Atlas. De gauche à droite, Thomas Hohbauer, Elise Guillaume, Antoine Lestrade, Marion Mofleh--Damagnez, Baptiste Sigal.

© D.R.

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Deux étudiantes toulousaines associées à deux étudiants de l'Isae-Supaero* ont été sélectionnés pour le programme Parabole du Centre national d'études spatiales avec leur projet de recherche expérimentale intitulé Atlas. Il consiste à mettre au point un dispositif permettant de contenir les organes abdominaux dans la cavité abdominale pour faciliter les sutures de laparotomies médianes en apesanteur et s'appuie sur un modèle animal artificiel.

Le projet Atlas, développé en collaboration par deux étudiant de l'école nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT), Elise Guillaume et Marion Mofleh, et deux étudiants de l'Isae-Supaero*, Baptiste Sigal et Antoine Lestrade, a été sélectionné par le Centre national d'études spatiales dans le cadre de son programme étudiants baptisé Parabole. Cette sélection va leur permettre de réaliser leur expérience en apesanteur à l'occasion d'un vol parabolique, à bord de l'Airbus A310 Zero-G de Novespace, le 2 octobre. Ils sont aidés dans la réalisation par Thomas Hohbauer, ingénieur diplômé (Enseirb-Matmeca).

L'objectif de ce projet multidisciplinaire et novateur est de s'intéresser à une suture de laparotomie médiane en apesanteur afin de préparer les futures missions spatiales.

« Avec l'essor de la conquête spatiale et les objectifs d'exploration de cibles plus lointaines telles que la planète Mars, les vols habités vont voir leur durée s'allonger de plus en plus. Les rapatriements d'urgence d'astronautes en cas de problème médical ne seront plus possibles et, dans certains cas, la laparotomie pourrait être indiquée ou, à minima, la laparoscopie. Dans ce cadre, Atlas ouvre la voie à de nouvelles possibilités pour la chirurgie en apesanteur. Les solutions explorées peuvent en améliorer les conditions, rendant les procédures chirurgicales plus rapides et réduisant ainsi les risques per-anesthésiques, le stress du chirurgien et en facilitant les gestes techniques. Ces derniers sont en effet d'autant plus compliqués que la micropesanteur affecte la proprioception des astronautes », explique Elise Guillaume.

Contention des organes

Pour faire en sorte de suturer le plan abdominal suite à une laparotomie sans risquer d'induire des traumatismes par impossibilité de séparer la paroi abdominale des organes sous-jacents en apesanteur, l'équipe étudiante a mis au point un dispositif qui permet d'effectuer une contention des organes le temps de suturer. Elle a imaginé un système simple et accessible dans le cadre d'un projet étudiant en vol parabolique.

En utilisant un électro-aimant logé dans la table d'opération qui est associé à un dispositif aimanté déposé sur le dessus des organes, ils réaliseront la suture d'une paroi abdominale factice. Toute la partie mécanique et électronique est développée à l'Isae-Supaero.

Pour cette expérience, ils ont donc reproduit un modèle animal, nommé Sina : une peluche contenant une vessie et des intestins factices, ces organes étant ceux qu'ils ont estimé être les plus problématiques pour leur suture. Pour fabriquer ces organes, ils se sont servis d'images de scanner de chat prises à l'ENVT, les ont mises à l'échelle de la peluche et les ont imprimées en 3D dans un matériau en silicone souple.

« Bien que l'objectif principal soit de poser de premières pierres pour la médecine spatiale du futur, le projet Atlas ouvre la voie à des techniques de suture novatrices qui pourraient être utilisées sur Terre dans des environnements extrêmes (opérations militaires, plates-formes offshore...). Une autre application pourrait être lors de laparoscopies : avec un usage différent, le système testé par l'expérience Atlas pourrait permettre de mobiliser des organes à distance avec une méthode douce », conclut Elise Guillaume. M.L.

* Isae-Supaero : Institut supérieur de l'aéronautique et de l'espace.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1764

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