BI Journée mondiale des vétérinaires

Connaître les particularités de l'antibiothérapie chez les NAC

Les affections de la poule de compagnie posent un problème supplémentaire au praticien : celui de la possibilité ou non de consommer les oeufs après un traitement antibiotique.

© Wild Geese-Fotolia.com

Aurore HAMELIN

Thérapeutique

Nos confrères Minh Huynh (centre hospitalier vétérinaire Frégis) et Norin Chai (Muséum national d'Histoire naturelle) précisent le bon usage des antibiotiques dans les différentes espèces de NAC. Le praticien doit tenir compte des données scientifiques, des AMM disponibles et des LMR existantes pour certaines espèces. Lors d'une prescription d'antibiotiques hors AMM, il faut respecter la cascade et s'assurer des éventuels effets secondaires possibles.

Nos confrères Minh Huynh (dipl. ECZM, centre hospitalier vétérinaire Frégis) et Norin Chai (Muséum national d'Histoire naturelle) ont rappelé le bon usage des antibiotiques en médecine générale des NAC lors du congrès France Vet, en juin, à Paris.

Pour chaque cas, le praticien doit d'abord se demander si l'affection est due ou non à une ou des bactéries. Deuxième interrogation : un prélèvement est-il réalisable sur le site atteint pour confirmer cette suspicion ? Puis vient le choix de l'antibiotique à prescrire et la manière dont il peut être administré. Le vétérinaire doit aussi se poser la question d'un traitement alternatif lorsqu'il existe.

Pour les NAC, le praticien doit jongler, non seulement avec les données scientifiques sur les antibiotiques dont il dispose, mais aussi avec les AMM disponibles, les LMR existantes pour certains animaux (poules en particulier) et le plan EcoAntibio qui encadre les prescriptions d'antibiotiques.

Lors d'une prescription d'antibiotiques hors AMM, il faut respecter la cascade de prescription et s'assurer des éventuels effets secondaires possibles. Il est donc nécessaire de suivre l'animal et de réévaluer son état clinique dans les jours qui suivent le début du traitement.

Abandonner certains usages

Cela s'applique à la prescription de quinolones faite en urgence sur un animal sans possibilité de faire le prélèvement (tableau). Le plan EcoAntibio prévoit ce cas de figure mais le praticien a l'obligation de revoir l'animal dans les 4 jours qui suivent le début d'administration de ces antibiotiques.

Minh Huynh précise qu'il est souhaitable d'écrire sur l'ordonnance fournie au propriétaire la mention « Conformément à la disposition IV de l'article R. 5141-117-2. l'antibiotique suivant est prescrit en première intention par dérogation du fait de la présence d'un cas aigu d'infection bactérienne pour lequel un traitement avec une autre famille d'antibiotique est insuffisamment efficace. Une réévaluation est obligatoire 4 jours après la prescription ».

Cela ne dispense pas de faire le prélèvement bactériologique quand cela est possible. Les résistances bactériennes liées à la prescription de quinolones sont en effet parmi les complications les plus courantes. Pour cette raison, notre confrère ne prescrira pas cette famille d'antibiotiques à un élevage ou à un lot d'animaux présents en animalerie par exemple.

Les connaissances évoluant, certains usages autour des NAC doivent être abandonnés. Les lapins souffrant d'abcès dentaires (et non opérés) étaient souvent traités avec de la pénicilline G injectable : « Or la dose de cet antibiotique était mal connue dans cette espèce et parfois prescrite à 40 000 UI/kg toutes les 48 à 72 heures ».

Donner des conseils pour la prévention

Un article de 2018 a réévalué les doses utiles de pénicilline G nécessaires au lapin à 60 000 UI/kg BID. « Il s'avère que nous sous-dosions le produit. Etions-nous efficaces ? Non. Doit-on encore le faire ? Non », a indiqué Minh Huynh. La prévention des abcès dentaires chez le lapin passe par une alimentation de bonne qualité, les conseils sont donc importants à donner dès la première visite.

« Les oiseaux ont naturellement une température corporelle élevée qui oscille entre 40 et 41° C, ce qui empêche la multiplication de nombreuses bactéries », a souligné Norin Chai. Devant une perruche présentant une atteinte sinusale, le praticien orientera son diagnostic vers une aspergillose, une affection fongique ou une chlamydiose car cette bactérie peut se répliquer à haute température.

Par ailleurs, les oiseaux ne possédant pas de noeuds lymphatiques, les infections bactériennes, lorsqu'elles sont présentes, peuvent facilement engendrer des septicémies. Lors de pica, les surinfections sont possibles et peuvent venir de l'humain (staphylocoque doré).

Chez les oiseaux, le prélèvement est donc toujours vivement recommandé notamment pour dépister des staphylocoques résistants à la méthicilline. Le traitement se fera par injection ou par voie orale quand cela est possible.

Les affections de la poule de compagnie posent un problème supplémentaire au praticien : celui de la possibilité ou non de consommer les oeufs. « Il faut penser aux allergies à la pénicilline et aux AINS chez les humains. Une prescription inadéquate à une poule pourrait engendrer une possible catastrophe pour un humain » , a insisté Minh Huynh.

Penser aux implications légales

Toute prescription hors AMM doit entraîner une mention sur l'ordonnance du type « Poule retirée de la consommation avec tous ses produits ». A l'inverse, l'oxytétracycline est le seul antibiotique avec AMM et LMR pour traiter « une poule qui tousse » (temps d'attente = 0 jour).

Chez les reptiles, Norin Chai a souligné que les résistances bactériennes croissaient. Le prélèvement est pour lui obligatoire avant de prescrire un antibiotique. Par exemple, devant une tortue ayant une stomatite et une anorexie, les causes environnementales seront évaluées comme souvent car l'infection bactérienne se développe fréquemment suite à une immunodépression.

Dans ces affections buccales, le prélèvement est simple à réaliser et la dérogation au plan EcoAntibio n'est pas justifiable.

Nos confrères ont conclu sur l'importance de faire le bon diagnostic, ce qui reste souvent du domaine du spécialiste pour des espèces peu communes. Il est capital de toujours penser aux implications légales liées à la prescription d'antibiotiques, ce qui est du domaine de tout vétérinaire.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1457

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