Bactériologie au chevet des mammites : Vetoquinol a présenté aux JNGTV son analyseur connecté Mastatest
Animaux de rente 47988Le stand Vetoquinol aux Journées nationales des GTV était principalement consacré à la présentation de Mastatest ND.
© Laurent Mascaron
Laurent MASCARON
Correspondant en infectiologie et vaccinologie
Courriel : l.mascaron@orange.fr
Vache laitière
Vetoquinol a organisé un symposium pour présenter son nouvel outil d'analyse bactériologique automatisée du lait lors de mammites Mastatest ND aux Journées nationales des GTV*, le 24 mai, au Futuroscope de Poitiers. Son intérêt pour développer le traitement ciblé des mammites cliniques non sévères a été souligné par notre consoeur Sofie Piepers (professeure spécialisée dans la santé de la mamelle, faculté vétérinaire de l'université de Gand, Belgique). Notre confrère Olivier Salat, praticien à Saint-Flour (Cantal) a témoigné de son utilisation de Mastatest ND dans sa clientèle.
Un témoignage audiovisuel du fondateur de la société néo-zélandaise dont Vetoquinol distribue en France depuis le début d'année le nouveau système d'analyse bactériologique automatisée du lait lors de mammite (Mastatest ND) a ouvert le symposium organisé sur ce thème aux Journées nationales des GTV*, en mai, à Poitiers, où ses caractéristiques et ses modalités d'emploi ont été exposées, illustrées de cas pratiques en élevage.
Ce nouvel outil d'identification sous 24 heures des bactéries présentes dans le lait et de calcul des CMI** vis-à-vis de trois antibiotiques classiquement utilisés lors de mammite des vaches laitières a pour objectif de « satisfaire des besoins actuellement non satisfaits de la filière relatifs au bon usage des antibiotiques et à la lutte contre l'antibiorésistance, notamment dans le cadre des mammites non sévères, pour le traitement desquelles un conseil vétérinaire est rarement sollicité par les éleveurs » , a-t-il souligné.
Offres de services en qualité du lait sollicitées par les éleveurs
Patrice Ratier, responsable technique chez Vetoquinol, a présenté les résultats d'une enquête menée en décembre 2020 auprès de 152 éleveurs détenteurs d'au moins 50 vaches laitières, répartis dans les principales régions françaises de production et représentatifs des effectifs par troupeau dans différents départements : « Le vétérinaire constitue leur source privilégiée d'information dans le traitement individuel des mammites, devant leur propre expérience et loin devant le contrôleur laitier. De manière contradictoire, la très grande majorité des exploitants qui bénéficient de services payants en matière de qualité du lait (60 % des éleveurs interrogés) les contractent le plus souvent auprès du contrôle laitier (82 % de ceux-ci) » .
D'après cette enquête, la quasi-totalité des mammites est gérée uniquement par les éleveurs sans faire appel à un vétérinaire bien que 63 % d'entre eux aient recours au moins une fois par an à un praticien, en particulier lors de mammites sévères, qu'ils estiment à 16 % environ du total des mammites. C'est très majoritairement dans ce type de mammites que les éleveurs engagent une analyse bactériologique. 6 % d'entre eux seulement ont recours à une bactériologie systématique lors de mammite.
« En thérapie mammaire, on note la volonté des éleveurs de réduire l'utilisation des traitements antibiotiques intramammaires ou injectables ainsi que l'emploi des anti-inflammatoires et d'accroître le recours aux produits sans antibiotiques, avec notamment un usage croissant des huiles essentielles. Ce constat est favorable au développement du traitement ciblé des mammites non sévères », a conclu Patrice Ratier.
Regards croisés sur le traitement ciblé des mammites cliniques
« Plutôt que d'utiliser un antibiotique à large spectre, qui génère un risque accru d'antibiorésistance, il est préférable d'avoir recours à un anti-infectieux à spectre étroit pour le traitement des mammites dues à des bactéries Gram-positives » , a déclaré notre consoeur Sofie Piepers (professeure spécialisée dans la santé de la mamelle, faculté vétérinaire de l'université de Gand (Belgique)).
Notre confrère Olivier Salat, praticien à la clinique vétérinaire de la Haute Auvergne (15100 Saint-Flour) et membre des commissions vaches laitières et qualité du lait de la SNGTV***, a insisté sur la « nécessité d'utiliser à bon escient les antibiotiques, un moindre usage s'accompagnant par ailleurs d'économies pour l'éleveur (coût du traitement, lait des vaches traitées retiré du tank pendant le temps d'attente, risque toujours possible d'incident inhibiteurs) » .
En effet, d'après son expérience et les résultats des analyses bactériologiques réalisées au cours de la période 2021-2022 lors de mammites cliniques non sévères (2 594 cas) dans 19 cliniques vétérinaires réparties sur toute la France, « 27 % d'entre elles ne nécessitent pas de traitement antibiotique (cultures stériles ou mise en évidence uniquement d'E. coli ) » , a-t-il témoigné.
« Lors de mammite, le premier réflexe doit être la prise de température systématique des animaux touchés : en cas d'hyperthermie il s'agit d'une mammite sévère qui doit être rapidement traitée. En l'absence d'hyperthermie, une analyse bactériologique du lait s'impose avant toute antibiothérapie. Seule l'administration d'anti-inflammatoires non stéroïdiens pourra éventuellement être indiquée en première intention, dans l'attente des résultats de cette analyse, pour prescrire un traitement ciblé » , a déclaré Olivier Salat.
Expérience de 16 mois en élevage avec Mastatest ND
Notre confrère a illustré l'intérêt du nouvel outil Mastatest ND à travers l'exemple d'un élevage de 80 vaches en lactation où son utilisation systématique a permis de mettre en évidence une prédominance des mammites non sévères à coliformes. Le bilan dressé après 16 mois d'utilisation a montré une réduction de plus de 50 % de la consommation en antibiotiques par rapport à la période précédente, tout
en maintenant le lait de tank à un taux inférieur à 120 000 cellules/ml.
« Les troupeaux qui utilisent régulièrement un traitement de longue durée sans tenir compte du diagnostic de l'agent pathogène pourraient obtenir des gains économiques considérables en adoptant une stratégie de traitement basée sur le diagnostic bactériologique. La connaissance des valeurs de CMI vis-à-vis de la pénicilline pour les bactéries mises en évidence dans le lait lors de mammite présente par ailleurs un intérêt particulier pour adapter la posologie lorsqu'une antibiothérapie doit être prescrite » , a conclu Olivier Salat. ■
* GTV : Groupement technique vétérinaire.
** CMI : concentration minimale inhibitrice.
*** SNGTV : Société nationale des groupements techniques vétérinaires.