Avef : une association en croissance mobilisée sur tous les dossiers des vétérinaires équins
Notre consoeur Hameline Virevialle a pris la présidence de l'Avef fin janvier.
© D.R.
Evénement
Plus de 500 participants sont attendus aux Journées annuelles de l'Avef*, du 22 au 24 octobre, à Lyon. Une édition particulière puisqu'elle coïncide avec les 60 ans de l'association. C'est l'occasion pour sa présidente, notre consoeur Hameline Virevialle, de revenir sur les missions de l'Avef et son actualité. Avec un nombre d'adhérents en hausse et une structuration renforcée, l'association est armée pour s'attaquer aux dossiers qui mobilisent les vétérinaires équins comme la permanence et la continuité des soins, le sanitaire ou le bien-être animal.
■ La Dépêche Vétérinaire : Les journées annuelles de l'Avef* ont lieu du 22 au 24 octobre. Combien de participants attendez-vous et comment avez-vous construit le programme d'interventions ?
Hameline Virevialle, présidente de l'Avef : Cette année, nous attendons plus de 500 participants : vétérinaires équins praticiens et hospitaliers, enseignants, étudiants, ASV, partenaires... Cette édition exceptionnelle sera marquée par un événement majeur : les 60 ans de l'Avef.
Le programme, élaboré avec rigueur et passion par notre Conseil scientifique et pédagogique, reflète notre ambition : proposer un contenu utile, scientifiquement pointu, ancré dans la réalité du terrain mais aussi prospectif et inspirant.
Les thématiques abordées sont variées et couvrent un large spectre : médecine interne, chirurgie, locomotion, reproduction, anesthésie/analgésie, antibioresistance mais aussi des sujets cruciaux comme le gap thérapeutique ou les mises en cause de la RCP, qui poussent sans cesse le vétérinaire équin à faire évoluer ses pratiques.
Le mercredi, en amont des Journées annuelles, plusieurs ateliers en petits groupes mêlant théorie et pratique seront proposés autour de thèmes ciblés : diagnostic des affections du jarret ; cardiologie équine de terrain ; cas cliniques en reproduction ; management : le casse-tête de la communication interne.
Enfin, nous célébrerons ensemble les 60 ans de notre association lors d'une soirée conviviale et mémorable, le jeudi soir à la Chapelle Sainte Trinité, autour de notre passion commune.
■ D.V. : Les vétérinaires équins sont aux prises actuellement avec plusieurs maladies infectieuses dont l'épidémiologie se modifie, à l'instar de la fièvre à virus West Nile. Que vous inspire cette situation et travaillez-vous dessus à l'Avef ?
H.V. : Les maladies infectieuses constituent un enjeu majeur pour la filière équine et l'Etat et l'Avef les suit de près à travers sa commission Maladies infectieuses ainsi que via le Respe**.
Rappelons que c'est l'Avef qui a créé le Respe en 1999 et qui continue de soutenir activement ce réseau désormais cogéré à parité avec les socio-professionnels de la filière.
La multiplication des déplacements de chevaux, notamment à l'occasion de compétitions et de courses, la difficulté de traçabilité et la sous-vaccination sont autant de facteurs qui favorisent la propagation de ces maladies, comme cela a été observé encore cet hiver avec l'épidémie de rhinopneumonie.
Le virus de la fièvre West Nile fait également l'objet d'une surveillance attentive, en collaboration avec l'Anses***, son Laboratoire national de référence, le Respe et les différentes branches de la filière. Depuis 2008, ce virus est intégré aux analyses du Respe dès qu'un cheval présente des symptômes nerveux. Cette année, une augmentation significative du nombre de cas a été constatée, avec une extension géographique jusqu'à la région parisienne - un signal fort que le virus ne se limite plus au Sud de la France.
Cette évolution pourrait être en partie liée aux changements climatiques, qui modifient les migrations d'oiseaux et les conditions de survie et de propagation des vecteurs, notamment les moustiques, et favorisent l'émergence de nouvelles zones à risque.
L'Avef joue un double rôle : d'une part, l'association contribue activement à la surveillance épidémiologique ; d'autre part, elle s'engage dans une mission de communication et de formation auprès des vétérinaires et des acteurs de la filière afin de les sensibiliser à la situation sanitaire, de mieux les former à la biosécurité et de les préparer à y répondre efficacement.
Enfin, l'Avef participe au groupe restreint chargé de la préparation du contrat de filière dans le cadre des Assises sanitaires. Ce travail collaboratif permet de réunir les différents acteurs de la filière pour définir ensemble les orientations en matière de prévention, de surveillance, de lutte, de gouvernance et de financement du sanitaire équin.
■ D.V. : Quels sont les autres gros dossiers d'actualité pour les vétérinaires équins ?
H.V. : Les dossiers en cours sont nombreux et variés.
Parmi eux, la radioprotection constitue un sujet phare du moment. En collaboration avec le SNVEL**** et l'Ordre, et avec le soutien actif de notre commission dédiée, nous oeuvrons pour que la radiographie puisse continuer à être pratiquée sur le terrain dans de bonnes conditions, avec des formations raisonnables, centrées sur la pratique vétérinaire.
Un autre thème majeur porté par l'Avef est celui du bien-être animal. Notre commission dédiée est particulièrement investie dans ce domaine, qui est au coeur de nos préoccupations. Nous travaillons à répondre aux attentes du grand public tout en collaborant avec les filières pour améliorer concrètement le bien-être du cheval au quotidien.
La transition entre l'école vétérinaire et la pratique sur le terrain est également un axe fort d'engagement pour l'Avef. Nous accompagnons les jeunes vétérinaires à travers des formations adaptées et un soutien personnalisé.
L'Avef suit de près les avancées législatives très attendues, telles que la délégation d'actes, les évolutions du suivi sanitaire permanent ou encore la mise en place de la signature électronique.
Nous avons également formulé des propositions dans le cadre de la révision du Code de déontologie, à l'issue de plusieurs réunions de réflexion au sein du conseil d'administration et après concertation avec nos adhérents. Le sujet de la permanence et continuité des soins (PCS) y occupe une place centrale. Les vétérinaires équins sont particulièrement sollicités pour assurer cette PCS, dans un contexte de surcharge des structures de référé et de complexité du partage des gardes sur le terrain. Certaines structures s'organisent en groupe, parfois difficilement, tandis que les vétérinaires exerçant seuls ne peuvent assurer une garde 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Les vétérinaires en libre prestation de services sont également concernés : leur participation à la PCS lorsqu'ils exercent en France doit être encadrée afin de garantir un cadre clair et équitable pour tous.
Enfin, l'Avef participe activement au suivi des maladies infectieuses en lien avec le Respe. Cette collaboration permet une veille sanitaire efficace et une réactivité accrue face aux risques épidémiologiques, contribuant à la protection de la santé équine sur le territoire.
■ D.V. : Depuis votre accès à la présidence, il y a un peu moins d'un an, avez-vous fait évoluer le fonctionnement de l'Avef ? Des changements sont-ils prévus ?
H.V. : L'accès à la présidence de l'Avef s'est fait fin janvier 2025, succédant à un président qui a largement contribué à structurer l'association. Grâce à son engagement, l'organisation a gagné en efficacité, notamment par la délégation de certaines missions à des membres du conseil d'administration (CA). Il assure aujourd'hui une transition fluide en poursuivant les dossiers en cours.
Depuis mon entrée en fonction, mon objectif est de mobiliser pleinement les forces vives de l'Avef. L'association a connu une croissance remarquable : depuis 2020, le nombre d'adhérents a triplé, porté par l'enrichissement de notre offre de formation et par une communication renforcée sur nos actions.
L'Avef est avant tout une grande famille où la diversité des profils et les compétences de chacun viennent consolider notre édifice commun. Le CA, composé de 15 administrateurs aux parcours variés, incarne cette richesse. Le conseil scientifique (CS), quant à lui, conçoit des programmes exigeants sur le plan scientifique, tout en restant proches des réalités du terrain.
Les commissions, véritables piliers de notre fonctionnement, ont été relancées concrètement en septembre, avec une clarification de leurs rôles et missions. Aujourd'hui, l'Avef repose non pas sur une seule présidence mais sur l'engagement collectif de près d'une centaine de personnes - membres du CA, du CS et des commissions - qui oeuvrent ensemble au développement de l'association.
Nos priorités pour les mois à venir s'articulent principalement autour de la formation : mise en place d'ateliers pratiques, adaptation des programmes aux attentes des adhérents, accompagnement des jeunes vétérinaires dans leur transition vers la pratique après l'école.
Nous poursuivrons également notre rôle de représentation des vétérinaires équins au niveau national. Il est essentiel de faire entendre la voix du terrain et de contribuer aux évolutions des textes législatifs.
Le sanitaire et le bien-être animal constituent deux axes majeurs de cette présidence. En collaboration étroite avec le Respe et les commissions dédiées, nous sommes pleinement engagés sur ces sujets.
Par ailleurs, la révision du Code de déontologie a mis en lumière des problématiques liées à la PCS. Il nous faudra construire l'avenir sur ce sujet en partenariat avec l'Ordre, dans le respect du cheval, au coeur de nos préoccupations mais aussi du vétérinaire équin, qui oeuvre jour et nuit pour garantir les meilleurs soins aux équidés.
Enfin, l'Avef entretient des liens étroits avec les différentes filières du secteur équin. Nous sommes convaincus que c'est par le dialogue et la collaboration entre tous les acteurs que se construira le meilleur avenir pour la passion qui nous unit : le cheval.■
* Avef : Association vétérinaire équine française.
** Respe : Réseau d'épidemiosurveillance en pathologie équine.
*** Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.
**** SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.






