Apport de la biomodulation dans la gestion post-opératoire d'une amputation de la queue chez une femelle varan à queue épineuse à la Ménagerie du Zoo du Jardin des Plantes

La femelle varan a subi une caudectomie, le 18 mai, avec une incision transversale entre deux vertèbres en conservant un large lambeau de peau ventrale pour la fermeture. Des sutures à l'aide de points en U simples du lambeau ventral à la peau dorsale ont été effectuées pour fermer la plaie.

© D.R.

Camille DUVIVIER

Pierre HUBERBEAU

Claire REJAUD

Milan THOREL

Aude BOURGEOIS

Publi-rédactionnel

Une femelle varan à queue épineuse présentant une plaie sur la queue a été traitée à la Ménagerie du Jardin des Plantes par chirurgie puis des séances de laser, qui n'ont pas permis la cicatrisation. Des séances de biomodulation par fluorescence avec Phovia ont alors permis d'obtenir une accélération de la régénération cutanée avec une épithélialisation plus rapide suite à son utilisation par rapport à l'avancement sans son utilisation. La contention n'est pas nécessaire chez cette espèce et les séances se sont passées sans stress apparent pour l'animal.

Au secteur vivarium de la Ménagerie du Jardin des Plantes se trouve une femelle varan à queue épineuse (Varanus acanthurus) âgée de 13 ans qui y est hébergée depuis 2016. Cette espèce originaire d'Australie utilise sa queue en moyen de défense.

Le 17 mai 2022, les soigneurs de cette femelle notifient une plaie sur sa queue. Suite à l'examen clinique qui montre une nécrose avancée des tissus, une décision d'amputation est prise. Lors de l'opération, réalisée le 18 mai, une incision longitudinale de la peau, sur la face dorsale de la queue, est réalisée jusqu'à détection de tissus sains en région proximale.

La caudectomie est ainsi réalisée en zone saine avec une incision transversale entre deux vertèbres en veillant à conserver un large lambeau de peau ventrale pour la fermeture. Des sutures à l'aide de points en U simples du lambeau ventral à la peau dorsale sont effectuées pour fermer la plaie.

Pansement et traitement systémique

Une pommade antibiotique à usage local (Sulmidol ND) est appliquée sous un pansement protecteur et le traitement systémique suivant est mis en place :

- Meloxicam 0,4 mg/kg IM une semaine ;

- Baytril 10 mg/kg SC puis PO 6 semaines ;

- Vitareptile 1 dose/100 g PO 2 jours par semaine pendant 1 mois ;

- Réhydratation RL 5 ml intracloacale BID puis bain pendant toute l'hospitalisation.

Traitements locaux

Des traitements locaux sont réalisés quotidiennement puis tous les deux jours. Une prise alimentaire est constatée au cours de la semaine post-opératoire.

Une déhiscence de la plaie est constatée le 10 juin. Des séances de laser (Mphi 75 de la ligne MLS d'ASAlaser) sont donc réalisées tous les deux jours ainsi que des soins locaux. Cependant, suite à une dégradation et une absence de cicatrisation, il est décidé de reprendre le varan en chirurgie pour enlever le morceau de peau nécrotique et de procéder ensuite par une cicatrisation en seconde intention. Le traitement antibiotique est alors prolongé et des séances de thérapie laser sont reprises, tous les deux jours jusqu'au 27 juillet 2022, avec des changements de pansement.

Le 30 juillet 2022 commencent les séances de biomodulation par fluorescence avec Phovia après acquisition de l'appareil afin d'essayer cette nouvelle option thérapeutique suite à l'endommagement de l'ASAlaser.

Par la suite, une nette amélioration va se noter avec apparition de tissus de granulation dès la cinquième séance et une quasi-totale épithélialisation après la dixième. Ces dix premières séances sont réalisées deux à trois fois par semaine. A partir du 11 septembre, une seule séance de Phovia est donc réalisée par semaine. La régénération cutanée est complète le 20 janvier 2023 après 14 séances, réalisées sans signe de stress apparent.

Reprise de la régénération cutanée

Le 25 juillet 2023, la femelle varan est présentée pour un problème de mue, associé à une déhiscence de la plaie de cicatrisation. Des bains sont donc mis en place afin de résoudre la dysecdysis ainsi qu'une reprise des séances de biomodulation par fluorescence avec Phovia.

Dès la première séance, une reprise de la régénération cutanée est constatée. La régénération cutanée complète est obtenue après la seconde séance (quatre jours après la première séance). Seules deux séances auront donc suffi à la régénération cutanée complète de la plaie qui, à ce jour, n'a nécessité aucune séance supplémentaire.

Les varans ont une peau relativement épaisse et kératinisée avec des écailles ectodermiques formées par le pliage de l'épiderme et des couches dermiques externes. La croissance épidermique est cyclique et les varans subissent des périodes régulières de mue ou d'ecdysis, au cours desquelles la peau se détache. Ces périodes de mue sont largement affectées par l'environnement, l'âge, le sexe et les plaies ou cicatrices de l'animal. C'est pourquoi il est important que la plaie soit totalement cicatrisée afin d'éviter une récidive de dysecdisis et la solution Phovia a permis en très peu de temps cette régénération cutanée.

« Pour ce cas clinique, la cicatrisation fut longue et l'utilisation de Phovia nous a semblé permettre d'obtenir une accélération de la régénération cutanée avec une épithélialisation plus rapide ». La contention n'étant même pas nécessaire sur cette espèce et les séances se passant sans stress apparent pour l'animal, nous avons été ravis du résultat.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1687

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