A chaque école son programme de stages
Vie de la profession 48774Notre confrère Hubert Brugère est directeur des formations à l'ENVT.
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Formation
Intégrés au cursus vétérinaire, les stages sont considérés comme des unités d'enseignement à l'égal des autres modules. Cependant, chaque école est libre d'en établir le planning et de légères différences sont donc constatées entre les établissements. Voici un état des lieux des schémas organisationnels mis en place dans les quatre écoles vétérinaires publiques.
VetAgro Sup : 100 jours de stages obligatoires en 4 ans
A VetAgro Sup, chaque étudiant réalise 100 jours de stages obligatoires durant les 4 années du tronc commun de ses études vétérinaires : 20 jours en A2, en A3 et en A4, puis 40 jours en A5.
Ces stages sont effectués soit pendant les périodes dédiées à l'emploi du temps soit pendant les vacances scolaires. Ils permettent à chaque étudiant de valider des thématiques de stages recensées dans le tableau ci-dessous.
Les stages cliniques obligatoires se déroulent dans des structures extérieures à l'établissement.
En A1, chaque étudiant réalise 2 semaines de stages obligatoires.
En A6, l'étudiant effectue des stages dans le cadre de la filière d'approfondissement choisie.
« Les stages font partie intégrante du cursus suivi par les étudiants. Chaque année d'études, les étudiants doivent valider leurs stages obligatoires au même titre que toute autre unité d'enseignement », insiste Hélène Aguesse, directrice des études et de la vie étudiante à VetAgro Sup.
Double évaluation
La validation de chaque stage obligatoire prend en compte le respect des démarches administratives et la validation pédagogique par l'enseignant référent. Cette dernière est réalisée suite à un entretien entre l'étudiant et son enseignant référent autour de la « fiche bilan de stage » et se fonde sur deux avis :
- l'évaluation par le maître de stage du comportement professionnel et personnel de l'étudiant lors du stage et de sa maîtrise des connaissances et compétences générales en rapport avec la nature du stage ;
- l'évaluation par l'étudiant de l'atteinte des objectifs du stage et de la qualité de son encadrement.
La validation de certains stages nécessite la rédaction d'un rapport. Les indications, le thème du rapport... sont précisés dans la fiche descriptive des stages concernés.
« Pour s'y retrouver, les étudiants de VetAgro Sup reçoivent un livret de stages en début de cursus avec un résumé de l'ensemble des fiches descriptives », ajoute la directrice des études.
En plus des stages obligatoires, les étudiants peuvent faire des stages complémentaires, à thème libre. Ces stages peuvent être valorisés dans le cadre de la personnalisation du cursus. ■
ENVT : « les stages font partie intégrante du cursus »
A l'école vétérinaire de Toulouse (ENVT) comme dans les autres établissements, les stages font partie intégrante du cursus suivi par les étudiants. Les stages obligatoires sont ainsi des unités d'enseignement à part entière. Notre confrère Hubert Brugère, directeur des formations, en précise le déroulement.
A l'école vétérinaire de Toulouse (ENVT), les stages sont considérés comme un exercice pédagogique et « leur bon déroulement (encadrement et validation) est assuré grâce à l'implication de l'ensemble de la communauté pédagogique », explique le Pr Hubert Brugère, spécialiste européen en Santé publique vétérinaire/Science des aliments et directeur des formations à l'ENVT.
Comme dans les autres établissements, certains stages sont obligatoires avec un cahier des charges précis. « Les étudiants peuvent aussi faire des stages complémentaires facultatifs et à thème libre », précise notre confrère.
Tous les stages doivent faire l'objet d'une validation par un jury ou un tuteur. Pour chaque stage obligatoire, un formateur de l'ENVT est désigné tuteur d'un ou plusieurs étudiants en fonction de sa discipline et du thème du stage.
Des stages obligatoires sont prévus de la A1 à la A5. En A6, les stages dépendent de l'approfondissement suivi. Le directeur des formations rappelle que, en plus de la dominante choisie, l'étudiant doit suivre deux enseignements optionnels qui peuvent être réalisés sous forme de stages.
Responsable pédagogique
Les stages obligatoires sont des unités d'enseignement à part entière, sous la supervision d'un responsable pédagogique et respectent les objectifs et modalités de réalisation et de validation listés dans une fiche descriptive au syllabus de formation.
Par ailleurs, au cours de son cursus, l'étudiant doit réaliser une mobilité à l'étranger d'un minimum de quatre semaines (c'est une obligation imposée par l'article R812-55 du Code rural et de la Pêche maritime relatif aux études vétérinaires) et cette dernière peut s'effectuer dans le cadre d'un stage.
Le planning des stages obligatoires à l'ENVT est le suivant :
- A1 : stage Vétérinaires, animal et société de 2 semaines visant à découvrir l'activité d'une clinique vétérinaire ;
- A2 : stage Vétérinaires, élevages et territoires de 4 semaines visant à découvrir l'activité vétérinaire en structure vétérinaire à dominante rurale et à découvrir l'activité d'une exploitation agricole ;
- A3 : stage Projet scientifique de 6 semaines minimum visant à apprendre la démarche de gestion de projet avec une approche scientifique dans toute structure pouvant employer un vétérinaire (hors clinique vétérinaire) ;
Compléter la formation clinique
- A4 : stage Clinique des animaux de compagnie de 4 semaines visant à compléter la formation clinique des animaux de compagnie dispensée à l'école par une approche terrain ;
- A5 : stage Clinique des animaux de production et inspection en abattoir de 4 semaines avec pour objectif un apprentissage de la démarche clinique dans une structure vétérinaire à activité rurale dominante et observations auprès du service d'inspection sanitaire officiel en abattoir ;
- A6 : trois types de stage : stage clinique intégré à la dominante selon la voie d'approfondissement choisie ; stage comme enseignement optionnel complémentaire à la dominante clinique ; stage Master 2 Gestion intégrée des zoonoses et des maladies animales tropicales.
En ce qui concerne les stages facultatifs (stage de formation clinique ou stage recherche et développement), les étudiants sont incités à en réaliser en dehors des périodes d'enseignement et pour une durée minimale d'une semaine. Ces stages font également l'objet d'une validation mais aucun crédit ECTS ne leur ait attribué. Leur validation par un tuteur formateur de l'ENVT permet ensuite de les inscrire dans un supplément au diplôme à la demande de l'étudiant.
1 500 conventions de stage annuelles
Hubert Brugere précise que l'ENVT édite près de 1 500 conventions de stage chaque année, ce qui témoigne de l'appétence des étudiants pour cette forme d'enseignement.
L'ENVT n'est pas encore une utilisatrice régulière de la plate-forme StageVet pour la recherche de stages cliniques mais le directeur des formations estime qu'elle « devrait à terme faciliter le travail de conventionnement entre étudiant, maître de stage et ENV » même si « des développements sont encore nécessaires pour qu'elle soit complètement opérationnelle ». M.L.
A Oniris, 14 semaines de stage avant la 6e année
A Nantes, Oniris impose 14 semaines de stage à ses étudiants mais joue la carte de la diversité en leur proposant par exemple une semaine en laboratoire et quatre semaines dans une structure vétérinaire à l'étranger. L'école promeut le dispositif StageVet et s'organise pour le rendre obligatoire.
Les stages font partie du référentiel de formation à Oniris comme dans les autres écoles vétérinaires françaises, publiques ou privée.
En première année (Vet1), les étudiants, qui sont donc issus de la voie post-bac, suivent la prescription partagée par les quatre écoles nationales vétérinaires (ENV), à savoir deux semaines de stage de découverte en clientèle.
Les quatre années d'études suivantes, Vet 2 à Vet 5 inclus, donnent lieu à 14 semaines de stages obligatoires sur des thèmes imposés, appelés « mise en situation professionnelle », répartis selon le calendrier suivant :
- Vet 2 : un stage d'une semaine de découverte en exploitation agricole, un stage d'une semaine en laboratoire (de biologie, vétérinaire ou humain, ou pharmaceutique), un stage de deux semaines en tant qu'auxiliaire vétérinaire avec des apprentissages attendus en clinique, sous la supervision d'une ASV ;
Stage « premiers soins »
- Vet 3 : deux semaines de stage « premiers soins » avec apprentissage en clinique vétérinaire, quelle que soit son activité ;
- Vet 4 (préférentiellement) et Vet 5 : quatre semaines de stage à l'étranger dans une clinique vétérinaire ou une structure effectuant des soins vétérinaires comme un parc zoologique ; deux semaines de stage en exercice professionnel, quelle que soit l'activité mais sous l'encadrement d'un vétérinaire ; deux semaines de stage à thème libre qui s'effectue généralement en clinique.
« Ce calendrier porte à 14 semaines de durée de stage et nous avons ajouté l'an dernier une 15e semaine de stage en clinique vétérinaire à dominante rurale », explique notre confrère Hervé Pouliquen, directeur des formations à Oniris.
L'école a également revu la maquette de formation de la dernière année (Vet 6). Quelle que soit la dominante choisie, l'étudiant doit effectuer un stage en clinique vétérinaire en dehors de l'établissement pendant plusieurs semaines. Pour la dominante Animaux de production, le dispositif des stages tutorés est commun aux quatre écoles et consiste en un stage de 18 semaines minimum dans une structure mixte ou rurale.
Enseignant référent
Tout au long de sa scolarité, l'étudiant se voit attribuer un enseignant référent qui valide ou non les stages envisagés par l'élève. Chaque stage fait l'objet de crédits de formation (ECTS) avec des compétences associées et est donc intégré au cursus de formation.
Oniris a participé à la mise en place de StageVet et commence à l'imposer pour les stages en clientèle. « Le piratage informatique dont nous avons fait l'objet (lire DV n° 1673) a retardé ce recours systématique à la plate-forme StageVet mais nous incitons désormais les étudiants à l'utiliser », confirme Hervé Pouliquen. M.L.
ENVA : un usage systématique de StageVet
Pionnière dans l'adhésion à l'outil StageVet, l'école vétérinaire d'Alfort impose deux types de stages selon qu'ils portent sur un thème prédéfini ou libre. Chaque étudiant peut intégrer à sa guise ces stages sans thème défini dans son cursus.
A l'école vétérinaire d'Alfort, le référentiel de formation vétérinaire ne précise pas en détail les volumes horaires et les thèmes imposés en ce qui concerne les stages étudiants répartis tout au long du cursus. Comme l'explique notre confrère Henry Chateau, directeur des formations à l'ENVA, ce passage obligé par les stages « est cependant implicite puisqu'il est évident que, pour être bien formés, les étudiants doivent aller sur le terrain ».
Le décret du 3 décembre 2020 relatif à l'enseignement vétérinaire précise quant-à-lui que « les stages représentent quatorze à trente-six semaines entre le semestre un et le semestre douze inclus ».
A l'ENVA, les étudiants effectuent deux types de stages :
- les stages ou formation en milieu professionnel (FMP) intégrés aux unités de compétence, sur des thèmes choisis par l'école, qui sont considérés comme des unités d'enseignement, sanctionnés par des crédits de formation (ECTS) et étalés tout au long du cursus
- les FMP sur des thèmes libres, choisis par les étudiants en concertation avec leur enseignant-tuteur, qui sont tout aussi obligatoires et sanctionnés également par des ECTS (Système européen de transfert et d'accumulation de crédits) dits crédits de projet personnel (CPP).
Ainsi, entre la A2 et la A5, les étudiants doivent obtenir 20 ECTS avec ce type de stage à thème libre, ce qui représente environ 550 heures de travail. « Sur leurs 550 heures de CPP, les étudiants peuvent également effectuer d'autres activités, comme des enseignements complémentaires ou une implication dans des actions scientifiques, d'entrepreneuriat ou d'engagement citoyen. Néanmoins, on constate qu'en moyenne ils en dédient au moins la moitié à des stages dans des structures vétérinaires », souligne Henry Chateau.
Tuteur attribué
Les étudiants ont un tuteur attribué (leur « parrain ») qui les suit toute leur scolarité pour ces stages à thème libre et un tuteur qui est le responsable de l'unité de compétence concernée pour les stages à thème imposé.
Ainsi, tous les enseignants de l'ENVA sont en charge d'une dizaine d'étudiants. Le coordinateur des stages à l'échelle de l'école est le Pr Yves Millemann.
Des créneaux sont dédiés à ces stages dans leur emploi du temps et les étudiants répartissent leurs stages « libres » à leur guise entre leur 2e et 5e années d'étude.
Privilégier les structures libérales
En ce qui concerne les stages à thèmes imposés, leur répartition à l'ENVA est la suivante :
- A1 (promotion post-bac) : deux semaines de stage découverte en clinique vétérinaire ;
- A2 : deux semaines en exploitation bovine laitière et une semaine en structure vétérinaire mixte qui est souvent celle qui intervient dans l'exploitation ;
- A3 : pas de stage à thème imposé, uniquement les CPP ;
- A4 : un stage de trois jours minimum en abattoir ;
- A5 : quatre semaines minimum dans une structure vétérinaire à dominante Animaux de production ;
- A6 : dominante Animaux de compagnie : trois semaines de stage ; dominante Animaux de production : au moins 16 semaines (et jusqu'à 18 dans le cadre des stages tutorés) ; équine : six semaines de stage.
« Pour ces stages de dominante, nous conseillons aux étudiants de s'orienter vers des structures de taille moyenne et non des centres hospitaliers vétérinaires pour avoir une vision complémentaire de celle reçue dans les CHUV de l'école », précise notre confrère.
« Pour les stages de dominante Animaux de production, en A6, nous leur conseillons de les effectuer dans deux à quatre structures différentes quand il ne s'agit pas de stages tutorés qui, eux, se réalisent très généralement dans une seule et même clinique », ajoute notre confrère Yves Millemann, professeur en pathologie des animaux de production à l'ENVA.
Stages tutorés en A6
Les stages tutorés sont réservés à la dominante animaux de production, en dernière année (A6). Ce dispositif très spécifique est géré en commun par les quatre écoles vétérinaires publiques (Toulouse en était responsable jusqu'à présent) et financé par le ministère de l'Agriculture (lire ci-après).
Pour presque tous les stages en clientèle en France (l'école ne passe pas par StageVet pour les stages tutorés), que le thème soit libre ou imposé, l'ENVA utilise la plate-forme StageVet développée par le SNVEL* et La Dépêche Vétérinaire en concertation avec les écoles et les organismes professionnels.
« L'intérêt de StageVet est de recevoir des propositions de lieux de stage pour lesquelles ce sont les vétérinaires qui sont demandeurs d'accueillir des étudiants », explique Henry Chateau.
Les praticiens s'engagent à adhérer à la charte pédagogique mise en place avec le SNVEL qui inclut notamment leur évaluation ainsi que celle des étudiants à l'issue de la période de stage. « Cette démarche d'assurance qualité est très importante dans le cadre de notre accréditation européenne », souligne notre confrère.
Diversification bienvenue
Par ailleurs, cet outil permet une diversification des offres de stages bienvenue pour les étudiants qui entrent leurs critères de sélection (région, hébergement, rémunération éventuelle...), remplissent les données les concernant et se voient proposer par l'algorithme des stages répondant le mieux à leur projet. Ils se laissent ainsi attirer par des propositions plus diversifiées et mieux réparties sur le territoire national.
Si les étudiants avaient déjà trouvé une clinique de leur côté, il suffit que celle-ci dépose une offre sur la plate-forme.
Pour rappel, StageVet dispose de quatre entrées : étudiant, vétérinaire encadrant, tuteur et direction administrative.
Extension aux autres écoles
Mis en place par l'ENVA l'an dernier, cet outil va progressivement concerner les trois autres écoles publiques, elles aussi engagées dans la démarche et signataires d'une convention avec le SNVEL.
Pour tous les stages, « ce qui compte c'est que les étudiants ne soient pas passifs mais travaillent sur des objectifs précisés en amont. Nous avons donc établi des listes d'objectifs spécifiques de chaque type de stage et de l'année du cursus. La plate-forme StageVet permettra très prochainement de rendre ces objectifs, ainsi qu'une fiche conseil à destination des maîtres de stage, directement accessibles en ligne », insiste Henry Chateau en précisant qu'il est important que le vétérinaire qui accueille le stagiaire soit bien informé du niveau de l'étudiant pour lui proposer des activités adaptées. M.L.
* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.