50 % des vétérinaires canins pourraient travailler dans un groupe fin 2025, projette Phylum
Vie de la profession 43822Les modèles d'affaires cibles des groupes sont très variables, explique notre confrère Philippe Baralon, associé gérant chez Phylum.
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Michel JEANNEY
La société de consulting Phylum a dressé un état des lieux, aux Universités de printemps du SNVEL*, le 7 avril, à Oniris, de la consolidation des établissements de soins vétérinaires en France. Le phénomène s'est considérablement accéléré à partir de 2020 et Phylum estime qu'à ce rythme, les praticiens canins seront 50 % à travailler dans des groupes fin 2025. Seuls deux groupes en France peuvent revendiquer un capital 100 % vétérinaire.
« La consolidation en médecine vétérinaire est un phénomène récent », a souligné notre confrère Philippe Baralon, de la société de consulting Phylum, aux Universités de printemps du SNVEL*, le 7 avril, à Oniris, où il a présenté, devant des étudiants et des vétérinaires, la « typologie des groupes consolidateurs des établissements de soins vétérinaires en France ».
Arrivée d'Anicura et d'IVC Evidensia en 2018
La création des premières chaînes de structures vétérinaires démarre en 1994 aux États-Unis et en 1999 au Royaume-Uni et seulement à partir de 2010 dans le reste du monde, comme en France.
« En France, entre 2010 et 2018, il ne se passe pas grand-chose, 2018 marquant l'arrivée d'IVC Evidensia et d'Anicura », poursuit Philippe Baralon. Le phénomène ne subit pas d'accélération entre 2018-2020.
Ce n'est qu'en 2020 que la consolidation s'accélère sous l'effet de groupes français et internationaux. En 2021, une nouvelle étape est franchie avec le rachat de la chaîne VetOne par le groupe IVC Evidensia, première consolidation de deuxième niveau dans notre pays (lire DV n° 1603).
Phylum, qui procède à une enquête semestrielle sur ces évolutions, dénombre une douzaine de groupes actifs dans l'Hexagone au 1er avril 2022.
Le premier d'entre eux en nombre de vétérinaires (850) est IVC Evidensia (avec 229 structures), suivi assez loin derrière (hors Sevetys et Univet qui ne souhaitent pas communiquer sur leur données) de MonVéto (301 vétérinaires et 102 structures), d'Anicura (246/20), d'Argos (198/81), de VetPartners (153/36), de Qovetia (113/28), de VPlus (98/22), de Fovéa (70/18), de Vet4Vets (66/12) et d'Okivet (49/22).
19 % des vétérinaires dans un groupe au 1er avril
Au total, quelque 2 600 vétérinaires travaillent dans des groupes en France dans environ 700 établissements de soins vétérinaires, le groupe IVC Evidensa réunissant un tiers de ces vétérinaires à lui seul, MonVéto 12 % , Anicura 10 % (qui mise davantage sur les grosses structures) et les 9 autres, 45 %.
Au-delà de cet état des lieux, ce qui intéresse Phylum, c'est la dynamique du phénomène. Le pourcentage de vétérinaires canins travaillant dans un groupe s'élevait ainsi à 2 % en septembre 2017, à 3 % en septembre 2019, à 7 % en octobre 2020, à 14 % en octobre 2021 et est de 19 % au 1er avril de cette année.
A ce rythme, Phylum estime que les praticiens canins seront 50 % à travailler dans des groupes fin 2025. « Ce niveau sera alors assez proche de celui constaté actuellement dans les grands pays développés en médecine des petits animaux », commente Philippe Baralon.
En exercice mixte, phénomène tout récent
En ce qui concerne l'exercice mixte, notre confrère considère que le phénomène est trop récent (le démarrage a eu lieu fin 2020) pour faire des projections.
Les modèles d'affaires cibles de ces groupes sont très variables.
Seul le groupe Vetpartners recouvre l'ensemble du spectre des métiers : canine, ruminants, équidés, élevage industriel (porcs et volailles). Le spectre d'IVC Evidensia est presqu'aussi large mais exclut les porcs et les volailles, de même pour Qovetia mais ce groupe n'inclut pas de centres hospitaliers.
Anicura et Fovéa sont exclusivement canins avec des centres hospitaliers parties prenantes.
MonVéto, Sevetys, VPlus et Univet visent une canine essentiellement généraliste mais revendiquent également une activité partiellement rurale.
Quant à Argos, Okivet et Vets4Vets, ils ciblent exclusivement les structures canines.
Les fonds d'investissement très intéressés
Philippe Baralon explique qu'actuellement, tous les fonds d'investissement dans le monde sont intéressés par le secteur de la santé animale.
En France, seulement deux groupes présentent un actionnariat 100 % vétérinaire - MonVéto et VPlus - et un seul appartient à un industriel : Anicura, détenu par le groupe Mars.
Le capital des 9 autres groupes est constitué, dans des proportions variables, de fonds privés (private equity) non vétérinaires.
Les chaînes cotées en bourses sont rares : il en existe au Royaume-Uni (CVS group) et en Australie (et jusqu'en 2017 aux Etats-Unis).
« Le phénomène de capitalisation par des fonds privés s'accélère au plan international et en France », souligne Philippe Baralon.
Si le rachat de structures vétérinaires fonctionne, c'est d'abord parce qu'il y a une « manoeuvre volontaire d'un ou plusieurs vétérinaires », l'élément déclencheur étant, pour les cédeurs, « l'effet patrimonial », explique notre confrère.
En outre, selon Philippe Baralon, « les groupes ont compris qu'il fallait s'occuper des jeunes, y compris en termes d'évolution salariale ».
A cet égard, notre confrère souligne que les cliniques indépendantes, face à l'enjeu, « s'adaptent très vite ». ■
* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.