Tuberculose bovine : la vaccination des blaireaux par voie injectable est prometteuse

Cette vaccination est proposée comme une mesure complémentaire à envisager dans certaines situations en France.

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Valérie DUPHOT

Prophylaxie

La vaccination des blaireaux par voie injectable contre la tuberculose bovine est en cours depuis 2023 dans deux zones de Dordogne. Proposée comme mesure complémentaire de lutte contre la maladie, elle s'appuie sur les bons résultats obtenus outre-Manche. L'objectif général du projet est le développement de méthodes alternatives à l'abattage pour la gestion des maladies.

Au fil des années, des recommandations relatives à des mesures de prévention et de contrôle de la tuberculose bovine adaptées aux systèmes multi-hôtes complexes ont été émises et parfois déployées. Notre consoeur Stéphanie Desvaux (Office français de la biodiversité (OFB)) a détaillé l'une d'elles, la vaccination des blaireaux par voie injectable, lors des Journées scientifiques de l'Association pour l'étude de l'épidémiologie des maladies animales sur le thème « Risques infectieux liés à la faune sauvage et modalités de gestion », le 6 juin, à l'école vétérinaire d'Alfort et en vidéoconférence.

Cette vaccination a en effet été proposée comme une mesure complémentaire à envisager dans certaines situations en France. Elle est actuellement en cours de test de faisabilité en Dorgogne.

« Le projet TBVAC fait suite à l'avis de l'Anses* et de l'OFB de 2019 et de publications ultérieures. Il n'y a pas de perspective d'obtenir
un vaccin oral à court ou moyen terme »
, précise Stéphanie Desvaux. Les expériences d'outre-Manche ont montré la faisabilité de la vaccination injectable des blaireaux. Celle-ci a été déployée à large échelle en République d'Irlande depuis 2018 (sur une surface de 19 000 km2 avec 100 % de vaccination en 2021 contre
18 000 km2 pour les zones d'abattage).

Effet protecteur de groupe

« Les taux de prévalence se sont stabilisés chez les bovins à la suite de la vaccination des blaireaux après abattages ciblés autour des fermes avec des bovins positifs », explique Stéphanie Desvaux. « La vaccination des populations de blaireaux réduit le taux d'infection des populations vaccinées ».

Il existe un effet protecteur de groupe : réduction de la probabilité d'infection pour les jeunes non vaccinés appartenant à un groupe dans lequel plus d'un tiers des membres sont vaccinés. Notre consoeur souligne l'innocuité du BCG par voie injectable (pas d'excrétion fécale ni urinaire). Les manipulations pour la vaccination n'induisent pas de mouvements importants des animaux vaccinés.

En France, le projet de vaccination des blaireaux est financé par la DGAL** pour deux ans (2023-2024), l'OFB, l'Anses (pour les vaccins) et le Laboratoire départemental d'analyses et de recherche de Dordogne (tests rapides). Piloté par l'OFB et l'Anses, il s'inscrit dans le cadre de l'utilisation d'animaux à des fins scientifiques.

Travailler sur des stratégies vaccinales

« L'objectif général du projet est le développement de méthodes alternatives à l'abattage pour la gestion des maladies », précise Stéphanie Desvaux. Sa phase 1 concerne le déploiement sur le terrain et la collecte de données et sa phase 2 vise au transfert de la méthode et à son déploiement à plus large échelle.

Deux zones de Dordogne sont concernées : Saint-Privat-en-Périgord (100 km2) et Dussac (35 km2).

Les blaireaux capturés sont anesthésiés après estimation visuelle de leur poids et identifiés (transpondeur électronique et marques de tonte). Des prélèvements sont réalisés et des données, collectées. Un prélèvement sanguin permet d'effectuer un test sérologique rapide. Les animaux positifs sont euthanasiés. Les autres sont vaccinés.

« Les résultats de 2023 et préliminaires de 2024 montrent que le taux de pénétration de la vaccination progresse. L'objectif de 60 % de la vaccination de la population semble atteignable au bout des quatre ans du projet », souligne notre consoeur.

Une étude est en cours sur le modèle de déploiement possible. Il faut aussi travailler sur les stratégies vaccinales (vaccination ciblée ou large, en réaction ou en prévention, avec ou sans dépistage...), évaluer plus finement les coûts, préparer la transmission avec des supports de formation et définir un système de collecte de données pour suivre la vaccination et la prévalence dans les zones vaccinées.

* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.

** DGAL : Direction générale de l'alimentation.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1716

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