Le SNVEL  « indigné par le traitement médiatique infligé »  à une jeune consoeur de Gironde

Le syndicat rappelle que les vétérinaires assurent la permanence et la continuité des soins pour leurs clients sans aucun soutien public.

© David Quint

Michel JEANNEY

Exercice

Un couple d'éleveurs, après avoir contacté plusieurs vétérinaires pour une mise bas problématique, a assisté, impuissant, à la mort de sa vache et de son veau, aucun des praticiens contactés ne s'étant déplacé. Dans un communiqué, le SNVEL* apporte son soutien à la consoeur de garde du cabinet voisin, mise en cause dans cette affaire par les journaux et réseaux sociaux, et explique que les circonstances ont conduit à une tension non gérable des urgences. Il rappelle l'importance du maillage vétérinaire, en l'occurrence insuffisant dans ce territoire, et que, dès lors que le propriétaire menace (ou a menacé) le vétérinaire, la confiance est rompue.

« Le SNVEL* tient à apporter tout son soutien à sa jeune consoeur injustement clouée au pilori par le traitement médiatique (journaux, réseaux sociaux) dans l'affaire de Queyrac en Gironde le samedi 28 janvier 2023. Il le fera par tous les moyens dont il dispose. Il déplore, par ailleurs, que, comme souvent, l'ensemble des éléments de compréhension n'ait pas pu être porté à la connaissance du public, conduisant à un article à charge », commente le SNVEL dans un communiqué de presse du 2 février.

Rappelons qu'un couple d'éleveurs, après avoir contacté plusieurs vétérinaires, dont notre consoeur de garde, pour une mise bas problématique a assisté, impuissant, à la mort de sa vache et de son veau, aucun des praticiens contactés ne s'étant déplacé. Le couple a porté plainte contre notre consoeur, qui assurait la garde du cabinet avec lequel il est en conflit depuis plusieurs années.

De façon injuste, cette jeune consoeur accaparée par d'autres urgences et qui n'est pas la vétérinaire habituelle de l'éleveur se retrouve, sur fond de rancoeurs, faire l'objet d'une plainte et auditionnée par les gendarmes.

Une solution alternative non acceptée par les propriétaires

« Cet épisode tragique met en évidence les difficultés depuis longtemps dénoncées par le SNVEL sur le maintien d'un maillage territorial conduisant parfois à des impasses pour assurer la permanence et continuité des soins. Ce week-end-là, des circonstances exceptionnelles ont conduit, dans un territoire déjà sujet à de grandes difficultés de maillage, à une tension non gérable des urgences », explique le SNVEL.

« Dans cette affaire, une solution alternative d'exception (transport de l'animal) avait été proposée par l'un des vétérinaires contactés mais elle a été refusée par l'éleveur », poursuit le syndicat.

« Nous souhaitons rappeler que la relation entre un vétérinaire et un propriétaire d'animal doit être basée sur le respect et la confiance. Mais dès lors que le propriétaire menace (ou a menacé) le vétérinaire, la confiance est rompue. »

Le SNVEL rappelle que les vétérinaires assurent la permanence et la continuité des soins pour leurs clients sans aucun soutien public. Cet engagement au service de la santé animale et de la santé publique se fait souvent au détriment de la santé des vétérinaires.

« Les organisations vétérinaires alertent les organisations agricoles et l'État depuis de nombreuses années sur cette question du maillage. Nous espérons que cet épisode regrettable nous permette de construire collectivement un nouveau modèle au bénéfice de toutes les parties », conclut le SNVEL, qui fait ici allusion aux discussions en cours avec le ministère de l'Agriculture notamment.

Pouvoir exercer un droit de retrait ?

Suite à cette affaire, plusieurs organisations professionnelles vétérinaires - le Ssevif**, l'Association de protection vétérinaire, le Syndicat départemental des vétérinaires d'exercice libéral de Gironde et le SNVEL - cosignent un « communiqué à l'attention du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires » demandant que, « en cas de danger grave et imminent, tel que défini par le Code du travail, l'ensemble des vétérinaires puissent exercer un droit de retrait, leur sécurité ne devant pas être mise en jeu, même en cas de connaissance d'un cas de souffrance animale ».

Les signataires se disent en effet « extrêmement préoccupés par l'augmentation des incivilités, menaces physiques et psychologiques et toutes les formes de harcèlement au travail que subissent les vétérinaires et leurs conséquences délétères ».

« Il existe actuellement un flou juridique et déontologique qui inquiète et fragilise les vétérinaires », qui, même « s'ils peuvent signifier une rupture du contrat de soin en cas de menace, injure, incivilité de la part d'un client, procédure prévue par la déontologie », devraient « néanmoins se porter au chevet d'un animal en souffrance », même chez un éleveur menaçant, injurieux ou ayant fait preuve d'incivilité. « Cette insécurité juridique est de nature à présenter un risque de poursuite pénale pour le vétérinaire, qui devrait donc risquer sa vie, sa santé physique et psychologique pour soulager un animal », dénoncent les signataires.

* SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

** Ssevif : Syndicat des structures et établissements vétérinaires indépendants de France.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1651

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