La raréfaction des vétérinaires en zone rurale vue par Le Monde

Un reportage porte sur l'intervention pour une césarienne de notre confrère Mehdi Hakimi, président du Groupement technique vétérinaire de Mayenne, un département où les vétérinaires se sont mobilisés pour accueillir davantage d'étudiants vétérinaires en stages afin de susciter les vocations.

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« Les vétérinaires ruraux, espèce en voie de raréfaction » est le titre d'un article du Monde publié le 7 mars.

« Sur les 18 500 vétérinaires que compte la France, seuls 4 000 exercent encore en zone rurale. Un risque de pénurie qui fait craindre des conséquences sanitaires », commence l'article.

Un reportage porte sur l'intervention pour une césarienne de notre confrère Mehdi Hakimi, président du Groupement technique vétérinaire de Mayenne, un département où les vétérinaires se sont mobilisés pour accueillir davantage d'étudiants vétérinaires en stages afin de susciter les vocations.

« La plupart des professionnels se tournent de plus en plus vers la canine, le soin des animaux de compagnie, devenu économiquement plus rentable et surtout moins contraignant pour la vie personnelle », explique le quotidien. 

La profession « subit de plein fouet la crise de l'élevage français », poursuit-il. Pour des raisons de coût, beaucoup d'éleveurs minimisent autant que possible l'intervention des vétérinaires*. « Aujourd'hui, le véto est le pompier qu'on appelle en dernier recours », témoigne ainsi notre confrère David Quint. « On ne vit pas avec un client qui n'a besoin de nous qu'une fois par an.»

Une pénurie qui risque de s'accentuer

La pénurie pourrait empirer « d'ici cinq à dix ans » avec le départ en retraite d'une importante partie des vétérinaires exerçant en zone rurale, dont 44 % ont plus de 50 ans, alerte notre confrère Jacques Guérin, président du Conseil national de l'Ordre des vétérinaires.

« Jamais, pourtant, leur métier n'a été autant à la croisée d'exigences sociétales : aménagement du territoire, emploi, écologie, risque sanitaire, bien-être animal, qualité de l'alimentation... », souligne le quotidien. 

« Avec mon métier, je fais vivre une laiterie à Valençay et un abattoir local qui fournit la viande de la cantine scolaire. Un vétérinaire qui rend la blouse, c'est toute une pyramide qui s'effondre », témoigne notre confrère Laurent Perrin, président du SNVEL**.

Manque de soutien

Là où les jeunes médecins reçoivent des compensations financières pour s'installer, certains vétérinaires regrettent un manque de soutien de la part du ministère de l'Agriculture, rapporte l'article du Monde.

La dernière épizootie de grippe aviaire dans le Sud-Ouest, en 2018, a montré la réactivité du réseau de veille sanitaire mais « la bonne volonté ne tiendra pas éternellement », précise Laurent Perrin, qui espère une meilleure reconnaissance de ce service public sanitaire.

« A part les pompiers, je ne vois pas d'autres professions qui se déplacent en quinze minutes en campagne », résume Mehdi Hakimi alors que le quotidien pointe les problèmes soulevés par les déserts médicaux.  M.J.

* Cette analyse est corroborée par l'étude de l'Insee sur l'activité des vétérinaires portant sur la période 2000 - 2016, dévoilée en octobre dernier : l'activité de soins aux animaux de rente est en décroissance depuis 2008 aussi bien en valeur qu'en volume (DV n° 1454).

** SNVEL : Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral.

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1475

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