Influenza aviaire : la France passe au niveau de risque « élevé » sur l'ensemble du territoire métropolitain

Le passage au niveau de risque « élevé » entraîne l'application de nouvelles mesures de prévention sur l'ensemble du territoire métropolitain.

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Michel JEANNEY

Prophylaxie

Le ministère de l'Agriculture a décidé de placer, à compter du 5 novembre, l'ensemble du territoire métropolitain en risque « élevé » vis-à-vis de l'influenza aviaire hautement pathogène, en raison de la hausse du nombre de cas dans la faune sauvage migratrice en Europe. Des mesures de prévention renforcées s'appliquent afin de protéger les élevages de volailles. Elles s'accompagnent d'un renforcement des dispositifs de gestion de crise au sein du ministère en lien avec les services territoriaux et les professionnels.

Un arrêté publié le 5 novembre élève le niveau de risque épizootique d'influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) de « modéré » (en vigueur depuis le 10 septembre) à « élevé » sur l'ensemble du territoire métropolitain. Les mesures entrent en vigueur immédiatement.

Le ministère de l'Agriculture les justifie par la détection de nombreux cas d'IAHP dans la faune sauvage migratrice en Europe, dont 45 (H5N1) confirmés en Allemagne et 6 aux Pays-Bas. Le cas le plus proche est seulement distant de 230 kilomètres du territoire national.

Depuis le début du mois d'août, 130 cas ou foyers d'influenza aviaire ont été détectés dans la faune sauvage ou dans des élevages en Europe notamment au bord de la mer du Nord et de la mer baltique, dont trois foyers dans des élevages allemands. Dans le même temps, la claustration de tous les élevages professionnels a été décidée aux Pays-Bas à la suite de la détection d'un foyer dans un élevage de poules pondeuses.

Période migratoire à risque

En Italie, six foyers (H5N1) ont été détectés dans des élevages de dindes de chair dans la région de Vérone depuis le 19 octobre, probablement en lien avec l'avifaune très fréquente dans cette province.

« Dans ce contexte et à l'approche de la période migratoire à risque, la France est en situation de forte vigilance », alerte le ministère. Trois basses-cours contaminées (H5N8) ont déjà été recensées dans les départements des Ardennes et de l'Aisne, probablement en lien avec un foyer déclaré en Belgique.

« Une première élévation du niveau de risque est intervenue le 10 septembre dernier conduisant à la mise en place d'un ensemble de mesures renforcées de biosécurité dans les communes classées à risque (zones à risque prioritaire et zones à risque de diffusion) », précise le ministère (lire DV n° 1585).

Vaccination dans les zoos des oiseaux non confinés

Le passage au niveau de risque « élevé » entraîne l'application de nouvelles mesures de prévention sur l'ensemble du territoire métropolitain : mise à l'abri des volailles des élevages commerciaux et claustration ou mise sous filet des basses-cours ; interdiction de l'organisation de rassemblements et de la participation des volailles originaires des territoires concernés ; conditions renforcées pour le transport, l'introduction dans le milieu naturel de gibiers à plumes et l'utilisation d'appelants ; interdiction des compétitions de pigeons voyageurs au départ ou à l'arrivée de la France jusqu'au 31 mars ; vaccination obligatoire dans les zoos pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet.

Ces mesures sont accompagnées d'une surveillance clinique quotidienne dans tous les élevages (commerciaux et non commerciaux).

Renforcer la réactivité

« Dans les zones à risque élevé de diffusion, des prélèvements avant mouvement seront réalisés et seules les personnes indispensables au fonctionnement des élevages pourront y entrer. Des réductions de densité dans les zones touchées par les précédentes crises sont également engagées à l'approche de cette période à risque », ajoutent les autorités. « Les modalités de mise à l'abri ont été adaptées afin de prendre en compte les conditions de production, notamment pour les élevages plein air ou sous cahiers des charges spécifiques. »

Par ailleurs, le ministère de l'Agriculture déclare renforcer sa gouvernance « pour l'anticipation et la réactivité en cas d'apparition de foyers en élevage en France ».

Comme prévu par la feuille de route élaborée avec les professionnels le 8 juillet dernier, la gouvernance de crise évolue avec, au niveau national, la nomination prochaine d'un directeur de crise influenza en charge du pilotage de la gestion de la crise en lien avec les six pôles de la cellule de crise de la Direction générale de l'alimentation.

Au niveau territorial, la préfète de la zone de défense Ouest, Fabienne Buccio, préfète de Nouvelle Aquitaine, a été désignée comme pilote. « 112 agents des services régionaux et départementaux sont d'ores et déjà mobilisés et se sont déclarés volontaires pour venir en renfort des départements qui seraient touchés », poursuit le ministère. 

Exercices de préparation à une éventuelle crise

Les services de l'État travaillent également à définir des modalités de gestion d'une éventuelle crise en fonction de scénarios prenant en compte le nombre de foyers ou leur localisation. Des exercices de préparation sont conduits dans plusieurs départements.

Enfin, le groupe de travail sur les perspectives en matière de vaccination s'est réuni la dernière semaine d'octobre.

L'élévation du niveau de risque ne remet pas en cause le statut « pays indemne d'influenza aviaire » recouvré par la France le 2 septembre dernier, précise le ministère.

Par ailleurs, un arrêté publié le 9 novembre étend jusqu'au 31 décembre 2022 l'accord interprofessionnel conclu le 4 octobre dernier relatif à la sécurisation de la production vis-à-vis du risque sanitaire dans la filière palmipèdes à foie gras. 

Article paru dans La Dépêche Vétérinaire n° 1594

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